" Artiste prolifique, peintre et graveur talentueux apprécié de ses pairs, Jean-Émile Laboureur côtoie dans le Paris bouillonnant des premières décennies du XXème siècle Guillaume Apollinaire, H. de Toulouse-Lautrec, Raoul Dufy ou Marie Laurencin ... . La Grande Guerre, qui l'a mené du front de l'Artois à Saint-Nazaire, constitue un élément clé de son évolution. Dessins et gravures permettent de saisir en mouvement l'activité créatrice de celui auquel de grands écrivains de l'entre-deux-guerres feront appel pour illustrer leurs ouvrages. "
Le commissaire chargé de l'exposition lui étant consacrée au Château des Ducs de Bretagne décrivait ainsi le parcours de l'artiste nantais Jean-Émile Laboureur. Cousin du peintre anarchiste Jules Grandjouan, il naît dans une famille bourgeoise de la capitale bretonne en août 1877. Pour satisfaire son père, en 1895, il entame des études de droit, mais s'ennuyant, il s'en détourne très vite au profit d'une formation en lettres ou à l'académie Julian (peinture et sculpture). Ses premières toiles, bien que d'un style primitif, sont remarquées.
Trois ans plus tard, déjà fortement influencé par le milieu artistique parisien, il participe à l'exposition de la Société nationale des Beaux Arts. Puis, il séjourne en Allemagne jusqu'en 1903, où il apprend la langue et à connaître la culture notamment dans les musées. Afin de parfaire son savoir en matière d'art, il parcourt, pendant les sept années suivantes, les musées des États-Unis, du Canada, d'Italie, des îles britanniques, de Grèce et de Turquie. Vient aussi le temps des premières expositions personnelles, de l'installation à Paris et des amitiés sincères avec la peintre Marie Laurencin et Guillaume Apollinaire. En 1913, il réalise une de ses œuvres majeures : Le café du commerce, où les influences du cubisme sont nettement perceptibles.
Mobilisé en 1914, il est affecté en Artois, dans l'armée britannique en tant qu'interprète. Choqué par les horreurs du conflit, ses gravures à l'eau-forte prennent alors toutes vie en noir et blanc. Transféré en 1917 dans l'armée étasunienne, il retrouve Saint-Nazaire et les couleurs font leur retour dans ses compositions.
De l'immédiate après-guerre à la crise boursière de 1929, sa réputation n'a de cesse de grandir. Ses gravures du premier affrontement mondial s'achètent notamment dans tout le monde anglo-saxon. Il débute également l'illustration de dizaines et de dizaines de livres prestigieux dont ceux de Colette, de Gide, de Mauriac, de Giraudoux, de Proust etc ... . Mais la crise économique affectant également l'édition, ces commandes d'illustration s'arrêtent presque et il crée désormais des œuvres plus personnelles et différentes (estampes...). Il séjourne de plus en plus en Bretagne à Pénestin (commune morbihannaise frontalière avec la Loire-Atlantique) où il rédige plusieurs manuels sur l'art de la gravure. Après 1937 et sa participation à l'Exposition Universelle, sa santé se dégrade, si bien qu'il met fin à sa carrière artistique. Affaibli et chagriné par la venue de la seconde guerre mondiale, il se retire dans sa maison bretonne et s'y éteint le 16 juin 1943.
Mobilisé comme interprète auprès des troupes britanniques et
américaines, J.E. Laboureur crée de nombreuses gravures qui lui valurent le
titre de « l’artiste le plus pénétrant de la guerre » (dixit le poète
Guillaume Apollinaire). Ce succès d’estime s’explique par sa remarquable
maîtrise des techniques de gravure, alors très en vogue, et par son
style graphique original et avant-gardiste. Graveur, dessinateur, lithographe prolifique mais demeurant néanmoins peu connu, il aura fallu attendre 2015, pour qu'une première exposition lui soit exclusivement dédiée dans sa ville natale.
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Suite et fin demain ...
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