De l’étain antique au stratégique uranium des années 1950, la Bretagne a
fourni tout un panel de métaux plus ou moins précieux. Entre les XVIIème et XIXème siècle, la région (unifiée) abritait même quelques-unes des mines les plus
productives de France.
Histoire minière bretonne
La Bretagne a une longue tradition minière. Les plus anciennes datent de l’Antiquité à l'image de la mine de cassitérite - nécessaire pour l'élaboration du bronze antique - à Langonnet (56). Si bien qu'aujourd'hui le nombre précis des mines bretonnes qui perforent son sous-sol reste inconnu. D'abord effectuée de manière artisanale, l'exploitation minière est devenue durant l'ère médiévale une véritable industrie profitant du perfectionnement des techniques. En
fonction de la nature du gisement profond ou superficiel, les mines ont
été de simples tranchées ou excavations de surface pour devenir de
véritables exploitations avec puits, galeries et chevalements
métalliques. Elles possédaient aussi à proximité une fonderie ou une forge.
Les sites les plus importants en surface et en volumes extraits
étaient : Huelgoat-Poullaouen (29),
Chatelaudren-Trémuson (22), La Villeder (56) et Pont-Péan (35). De 1720 à 1905 cette dernière a été la plus grosse mine de plomb d'Europe, employant près d'un millier d'ouvriers. La mine de Pont-Péan possède d'ailleurs toujours le record du puits le plus profond de la région avec ses 595 m de profondeur !
Localisation, typologie et caractéristiques des mines bretonnes en 2014. |
Après la Seconde Guerre mondiale, la prospection minière profite de la
dynamique des Trente Glorieuses. Les
avancées techniques relancent ponctuellement une activité minière
ralentie. En 1957, démarre à Saint-Renan en Finistère une exploitation
d’étain. En 1975 est mis en place le plan minier breton afin de dégager des options et des spéculations sur l’avenir. Mais déjà une autre étape de l’histoire minière se profile. Comme les autres régions minières, la Bretagne met peu à peu ses mines en dormance.
La France s’appuie désormais sur le recyclage des métaux (80 %
de la consommation de plomb repose aujourd’hui sur le recyclage) et
pour le reste sur l’importation. C’est le début de l’après-mine avec
comme enjeu la prévention des risques miniers.
Les
connaissances sur les richesses minérales du sous-sol métropolitain
n’ont jamais été si précises et l’on découvre des substances jusqu’alors
insoupçonnées (uranium, titane, etc.). Quant à savoir si l’activité minière reprendra un jour en Bretagne, l’idée n’est pas si fantaisiste, surtout dans le cadre d'une course incessante à l'uranium.
Les usages
Indispensables aux besoins actuels de consommation, les trois familles de
matériaux prélevés aujourd'hui dans les carrières bretonnes sont : les granulats
(sables et graviers), les pierres de taille (granite, ardoise) et les
minéraux industriels (kaolin, andalousite). Environ 30 millions de
tonnes de matériaux sont extraits du sous-sol breton chaque année dont principalement de l'uranium, du fer, de l'or, du plomb et du zinc (selon le Bureau de recherches géologiques et minières).
Le kaolin et l’andalousite font aujourd'hui la renommée internationale de la Bretagne. Le kaolin est une argile « tropicale » qui est utilisée pour la fabrication de céramiques, de papiers et de peintures. Il existe plusieurs gisements de kaolin dans les Côtes-d’Armor (Quessoy, Saint-Gouéno), en Finistère (Loqueffret, Saint-Thégonnec) et en Morbihan (Ploemeur). La production régionale de l’ordre de 200.000 tonnes par an représente 90 % de la production de kaolin française. Quant à l’andalousite, 1/4 de la production mondiale sort d’une seule carrière située à Glomel en Côtes-d’Armor qui en extrait environ 60 000 tonnes par an !
Le kaolin et l’andalousite font aujourd'hui la renommée internationale de la Bretagne. Le kaolin est une argile « tropicale » qui est utilisée pour la fabrication de céramiques, de papiers et de peintures. Il existe plusieurs gisements de kaolin dans les Côtes-d’Armor (Quessoy, Saint-Gouéno), en Finistère (Loqueffret, Saint-Thégonnec) et en Morbihan (Ploemeur). La production régionale de l’ordre de 200.000 tonnes par an représente 90 % de la production de kaolin française. Quant à l’andalousite, 1/4 de la production mondiale sort d’une seule carrière située à Glomel en Côtes-d’Armor qui en extrait environ 60 000 tonnes par an !
En Bretagne, la construction d’équipements collectifs (stades, routes…) et de logements a en effet consommé en 2010 de l’ordre de 27 millions de tonnes de granulats ce qui correspond à environ 8,4 tonnes par habitant. Par comparaison, pour la même année, 350 millions de tonnes ont été nécessaires à l'échelle de la France métropolitaine, soit 6 tonnes par habitant). Or malgré le développement du recyclage de matériaux, une part importante de ces granulats est prélevée chaque année dans la nature.
Les extractions en mer
D'autres mines sont exploitées en Bretagne, elles sont marines. On y
extrait du maërl – une algue rouge calcaire - et des sables coquilliers utilisés en tant qu'amendements agricoles.
Si ces substances relèvent du code minier et sont, de ce fait,
concédées par l’État, elles sont souvent assimilées au secteur des
carrières. La Bretagne compte dans ses eaux 90 % de la ressource
française de maërl. Son exploitation pose la question de la préservation
de la ressource. Car ce support exceptionnel de biodiversité se
renouvelle très lentement. Le maërl a un taux de croissance de 0,5 à
1 mm par an ! Le grenelle de l’environnement prévoit l’arrêt de
l’extraction du maërl. Cet engagement prend effet dès 2011 pour le site
des Glénans et en 2013 pour les autres sites. Le site de Pourceaux est
arrêté.
Conclusion
La région Bretagne, par son contexte géologique, présente un passé minier non négligeable qui laisse des séquelles. De nombreux travaux de recherche et d’exploitation de substances
minières comme le plomb, le zinc, l’argent, l’or, l’étain, le fer et
l’uranium ont été réalisés. 192 sites miniers ont été recensés : ils
concernent des concessions, des permis d’exploitation, des permis de recherches et des vieux travaux. Depuis la modification du Code minier en 1999, l’État est garant de la
réparation de dommages causés par les exploitations orphelines et la fin
de validité d’un titre minier conduit au transfert à l’État de la
surveillance et de la prévention des risques miniers comme ceux liés aux
affaissements.
Les enjeux de l’après-mine
portent sur la sécurité, la santé publique, la préservation des milieux
et de la faune avec des effets à plus ou moins long terme. Les différents événements résultant du passé minier peuvent notamment concerner :
- des mouvements de terrains, des affaissements et des effondrements en milieu urbanisé ;
- des ouvrages encore ouverts (puits et galeries) dangereux pour la sécurité des personnes ;
- des sols pollués par des résidus miniers ;
- des émissions de rayonnements ionisants.
Pour en savoir plus :
ici : La pollution de l'eau par les carrières en Bretagne, in Les carrières 2007-2008, DREAL, 2009.
ici : Carte de la répartition des principales mines en fonction du type du sous-sol, Bretagne environnement, 2010.ici, Bretagne, le nouvel eldorado minier, Le Télégramme, 03 février 2014.
ici : Patrimoine minier, très belles photographies de deux mines bretonnes à Luitré (35) et Vieux-Vy sur Couesnon (35).
ici : Mine d'étain de Saint-Renan (29), archives INA, 11 octobre 1967.
Commentaires