Article de Philippe Argouarch, reporter ABP pour la Cornouaille. Il a lancé Agence Bretagne Presse en octobre 2003.
Ségolène Royal vient juste de valider hier le projet d'éoliennes
offshore de la baie de Saint-Brieuc, quatre ans après le lancement du
projet ! Le projet comprend 63 turbines de 8MW chacune, le tout pouvant
produire de l'électricité pour près de 800 000 Bretons.
Lenteurs administratives et retards considérables
Si les Britanniques ont construit le parc éolien Ormonde au large de la côte du Cambria en trois ans seulement (voir ici),
il faudra au moins 10 ans, sans doute plus, pour construire le parc
éolien offshore en baie de Saint-Brieuc, dont la mise en service était
prévue initialement en 2020, 20 ans après la mise en service du premier
parc éolien offshore en Grande-Bretagne.
Dès 1980, le Comité
d'étude et de liaison des intérêts bretons (CELIB) avait pourtant
entrepris de rassembler toutes les compétences et toutes les capacités
existant en Bretagne pour développer une industrie de production
d'aérogénérateurs (des éoliennes) mais s'était heurté à un mur
d'obstacles administratifs. En 2005, Bernard le Nail, de retour du
Danemark, tirait la sonnette d'alarme via un article ABP, (voir ici).
En 2010, Bretagne Prospective rappelait la vocation maritime de la
Bretagne et le retard pris dans le développement des EMR. Beaucoup
blâment EDF et sa politique du tout nucléaire pour le retard
considérable pris par la France.
Pour le parc de la baie de Saint-Brieuc, les retards s'accumulent
En
mai 2014, le consortium AILES-MARINES choisi par l’État pour la
réalisation du projet en baie de Saint-Brieuc avait tout arrêté.
L'évolution des technologies marines allant plus vite que les délais de
consultations, ou les lenteurs administratives, AILES-MARINES décida de
remplacer les 100 turbines de 5 MW prévues initialement, par 62 machines
de 8 MW. Les ingénieurs retournèrent à leurs calculettes vu que toutes
les superstructures doivent être redésignées et en particulier les
jackets (les fondations sous-marines). On imagine les réactions de STX
qui construit les tours métalliques à Brest et devant tout recommencer à
zéro.
Le 9 septembre 2014, TECHNIP, partie prenante du
consortium de réalisation annonce qu'il se retire du projet (il devait
fabriquer des palmes qui du jour au lendemain devinrent obsolètes).
En
février 2015, on apprenait que la société AREVA dont fait partie
AREVA-WIND, et qui est partie prenante du consortium AILES-MARINES, est
en pleine crise avec un déficit de près de 5 milliards d'euros. Une
entreprise en déficit de 5 milliards d'euros peut-elle survivre ? Non
bien sûr sauf-- intervention de l'État. AREVA-WIND, qui se consacre à
l'éolien et qui semble en bonne santé au vu de son implantation en
Allemagne et en Écosse, sera détachée de la société mère dans le cadre
du plan de démantèlement prévu en vu de créer des unités AREVA
indépendantes.
En mars 2015, AREVA WIND fusionne avec la société
basque GAMESA pour former ADWEN. Le siège social de ADWEN sera au Pays
Basque espagnol à Zamudio. ADWEN qui est devenu le principal acteur du projet éolien de la baie
de Saint-Brieuc. Les Normands s'inquiètent aussi. D'après ADWEN, les
turbines de 8MW seraient bien construites au Havre alors que celles de
5MW continueraient à être produites en Allemagne. Les inquiétudes
persistent quand même (Voir ici). Les cafouillages se multiplient dans l'opacité la plus totale héritée du nucléaire. Le grand public est très peu informé.
Validé
pat l'État hier, on pourrait penser que les constructions vont
commencer, mais pas du tout. Le dépôt des demandes d'autorisations
administratives sera fait uniquement en octobre 2015. La phase d'enquête
publique ne sera réalisée qu'en 2016. Le bouclage financier n'aura lieu
qu'en 2017. La constructions des turbines ne commencerait qu'en 2018.
Pour en savoir plus :
ici, Eolien Offshore : Alstom sur la liste noire de la Banque mondiale ! sur l'excellent site Regard sur la pèche et l'aquaculture.
Commentaires