Encore un beau gachis patrimonial en perspective ...

Texte original de l'Association de sauvegarde du patrimoine de la Massaye, modifié par mes soins.


Bientôt, dans l'indifférence quasiment générale, le domaine de la Massaye, ce sera :
  •  50 hectares de terres (parc, champs et bois) transformés en lotissement,
  •  9 hectares de bonne terre agricole sacrifiés au profit du béton et du bitume,
  •  un paysage remarquable et un parc magnifique défigurés,
  •  un château du XVIIème siècle cerné par des pavillons et des bâtiments,
  •  des dizaines d'arbres centenaires coupés ou menacés,
Photographie aérienne d'une partie du domaine de la Massaye.


Qu’est-ce qui va disparaitre ?

        La Massaye est un domaine de plus de 100 ha comprenant un château, une chapelle, une orangerie, une ferme, un parc et des arbres centenaires. C'est un lieu-dit très ancien (présence romaine proche attestée) sur la commune de Guichen. L'ancien château médiéval du XVème contrôlait la position stratégique, au dessus de la Vilaine sur la route entre Rennes et Redon. Détruit, un autre édifice défensif est rebâti, semble t-il, vers 1630. Ancienne, l'histoire du domaine l'est, sans pour autant que nous détenions des informations précises et fiables ...
     " Le château de la Massaye ou Château de la Massais, bâti en 1630 sur l'emplacement d'un ancien château fortifié, dont il a conservé une chapelle, des jardins à la française dessinés par Le Nôtre, ainsi que des douves. L’ancien château avait été pris par les ligueurs en 1592, par les royaux en 1593 et rasé sur ordre de Richelieu. A partir du XVIIème siècle, le château change de main, d'abord domaine de Madeleine Fouquet, épouse du seigneur de Bourblanc, puis de Jeanne de Pois, veuve de Sébastien de Lys en 1695. Il devient propriété du Duc d’Arenberg en 1756, puis des Buret en 1780 et 1817. "  
 Banéat (P.), Le département d’Ille et Vilaine, Histoire, Archéologie, Monuments, Rennes, tome 2, pp 151-152, 1928.

        Sauf que si nous nous basons sur ce texte, la précocité d'un Richelieu ministre à 8 ans (en 1593) est à saluer ! L’histoire médiévale et moderne de la Massaye reste donc à étudier, ce que nous en connaissons demeurant trop fragmentaire.


        Le cadastre napoléonien de 1832 indique la disposition des lieux et le plan très archaïque des douves. 100 ans plus tard, le Dr. Victor Even, vétérinaire, savant et propriétaire des lieux lègue le site à une association caritative de vétérinaires qui fait de l'entraide sociale. Depuis, selon les vœux du donateur, la Massaye a longtemps eu une vocation sociale malgré une vie tourmentée (mémoire qu'il convient de préserver). En 1939, la Massaye héberge l’armée britannique en 1939, puis elle est réquisitionnée par l’armée allemande jusqu'en 1944. Centre de Formation de la Marine de 1944 à 1960, elle devient par la suite un hospice du CHUR de Rennes et enfin un centre aéré pour les petits rennais depuis 1962.

Le projet de la municipalité de Guichen

        Faisant fi de ce patrimoine historique encore pleins de mystères, la municipalité a l'ambition d’y construire un lotissement gigantesque composé de maison individuelles d’immeubles, de parkings ainsi que des bureaux. Pure spéculation foncière pour certains, sachant que les besoins en termes de développement économique, touristique, sportif, culturel, d'image ne sont pas pris en compte. D'autant plus que Joël Sieller, maire DvD depuis 1983, ne désire pas intégrer la Massaye au grand projet Vilaine-Aval qui doit valoriser la vallée et faire de Pont-Réan un vrai pôle d'attraction environnemental, culturel et touristique. A noter que les Guichenais n'ont pas été consultés sur l'utilité de ce projet.

En jaune sur la carte IGN, le futur lotissement situé sur une hauteur, entre Pont-Réan au nord et le bourg de Guichen au sud.

        Certes, le cout de l'entretien d'un tel domaine n'est pas négligeable (surtout si le site est volontairement laissé à l'abandon !), mais il suffit de regarder une carte pour se rendre compte que le futur projet est une erreur d'aménagement du territoire et un manque de prospective évident. Tout d'abord, concernant la zone d'activité, est-il besoin de rappeler que la Zac des Landes à Guichen, située près de la 4 voies nationale, est déjà sous-occupée... Pourquoi construire alors une nouvelle zone d'activité - bien moins accessible - en prévoyant qu'une part importante de ces bureaux restera vide à leur tour ? En outre, le lotissement posera de graves problèmes d’infrastructures, de déplacements et d’assainissement. Rien n’est encore prévu dans les documents réglementaires pour l’accueil de ces 1.500 personnes supplémentaires. Ensuite, que dire de l’état des terrains qui seront proposés à la vente ? Le sous-sol est rocheux comme au Boël, le schiste affleurant la surface, alterne avec des zones humides, alimentées par les sources souterraines. Les bâtiments militaires ont été démolis ainsi que ceux du CHU, mais une énorme quantité de gravats a été enfouie sur place. Quelles substances toxiques (amiante, fuel, produits chimiques...) restent figées dans le sol ? Le site n'a pas été dépollué, personne ne l'ignore... Ainsi, peut-on honnêtement y installer des habitants en fermant les yeux ? Et pour le parc fréquenté depuis un demi-siècle ans par les habitants, les activités agricoles, ce sont autant de terres artificialisées qui détruisent des zones humides et interrompent les corridors écologiques. À la Massaye, nous sommes à la jonction de 5 zones naturelles protégées (ZNIEFF : zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique), dont la plus proche est à 100 m. Enfin, sur la carte, il est aisé de prendre conscience que cet énorme lotissement doublant la superficie du village, va fractionner le bourg en trois parties inégales : un centre historique pittoresque, la rive gauche administrée par Bruz et le nouveau Pont-Réan sur les hauteurs dépendant de Guichen, et entre les deux, le lotissement moderne défigurant le paysage. 

La disparition future programmée de La Massaye sous un lotissement.

        Pour les citoyens, les amoureux de la nature, les agriculteurs, les cavaliers, randonneurs et promeneurs, les passionnés d’histoire et du patrimoine, les habitants de la commune et des alentours, soucieux de l’utilisation des impôts et du cadre de vie, une pétition pour la sauvegarde et un nouvel essor au domaine de la Massaye est disponible ici.




Pour en savoir plus :

ici : Association  « Sauvegarde du patrimoine de la Massaye », lettre n°1, février 2015.


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