Fouilles d'une épave romaine au large de l'Ile de Batz

Colin (E.), Découverte archéologique au large de l'île de Batz : " une épave qui fera parler d'elle ", France 3 Bretagne, 1 septembre 2015.
Article complété par la suite.


        L'année dernière, à partir du 18 août 2015, une équipe composée d'archéologues marins a fouillé les eaux au large de l'île de Batz. Ils ont déjà remonté 4 tonnes de lingots d'étain et d'autres objets [petits vestiges de céramique, de vaisselle en étain ou des poids de balance], une incroyable découverte qui permettra d'éclairer sur le commerce antique dans cette zone.

Fouille de l'épave antique qui transportait des lingots d’étain. Chaque lingot est numéroté avant d’être prélevé.
© Osada/Seguin/DRASSM



        800 lingots d'étain, c'est ce qu'ont remonté les archéologues marins à bord de l'André Malraux, navire de recherche du DRASSM (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines) habituellement basé à Marseille. C'est dans les eaux de Roscoff, au large de l'île de Batz que chaque jour depuis le 18 août [2015], des équipes répertorient leurs trouvailles, lesquelles devraient pouvoir nous en apprendre plus sur toute une époque de commerce, dans l'Antiquité. [Cet étain pourrait provenir des mines de Cornouailles évoquées déjà par J. César dans La guerre des Gaules. Destination Rome, par le détroit de Gibraltar.






Une découverte "exceptionnelle" et "rare"

        Tels sont les mots employés par Olivia Hulot, responsable de la façade Bretagne du DRASSM. Elle-même archéologue marin elle participe aux plongées.  
" Deux fois 50 minutes par jour, en fonction des coefficients de marées" Elle concède qu'il faut "être hyper efficace. Chacun sait exactement ce qu'il va faire au fond. C'est la deuxième épave que l'on trouve dans cette zone. La première c'était en 1983 dans l'archipel des Sept Îles, avec 27 tonnes de plomb ".             [De formes grossières et pesant chacun entre 28 et 140 kilos, ces lingots de plomb étaient tous estampillés. Les noms, chiffres et symboles gravés sur ces pièces avaient permis de les relier à des tribus celtiques romanisées de Grande-Bretagne, les Icenes et les Brigantes. Datant également d'une période comprise entre le IIe et le IVe siècle, l'épave, dont ne subsistait ni la coque ni le mobilier, gisait par 10 m de fond dans une zone de forte houle et de courants violents.]

        Sur ce site, ce sont des lingots d'étain qui ont été retrouvés, de poids et formes variables [de 500 grammes à 34 kilos le plus gros]. Après nettoyage, ils apparaissent estampillés, marqués de lettres, ce qui indiquent peut-être leur origine ou leur destinataire. D'autres petits objets archéologiques comme du mobilier, de la céramique, des ossements d'animaux viennent compléter l'inventaire. Après des analyses qui doivent se poursuivre dans le temps, il est possible de déterminer que ce chargement vient d'un navire romain, datant du 3 ou 4ème siècle de notre ère. Pour Olivia Hulot, cette épave " fera parler d'elle " car elle va permettre de comprendre le commerce dans l'Antiquité, " mal connu ". [" Nous allons chercher à déterminer la ou les mines d'où a été extrait le minerai, mais aussi les procédés d'extraction et le réseau d'approvisionnement et de diffusion dont témoigne ce chargement "]. Elle précise que dans le cas présent, l'étain n'a aucune valeur marchande car il est " très altéré ". " Pendant la période romaine, l'étain était très recherché pour fabriquer le bronze, il servait à frapper la monnaie, à fabriquer des armes... "

Les lingots d'étain sont recouverts de végétation. Les archéologues nettoient avant de les remonter à la surface. © Osada/Seguin/DRASSM

Un trésor historique qui a refait surface


        Tout commence il y a 20 ans lorsque 3 plongeurs aux ormeaux découvrent l'épave et ce qui ressemble à un éboulis de cailloux. A l'époque, ils ne se doutent pas de l'intérêt de ces pierres, en remontent malgré tout une qu'ils font analyser, et déclarent l'épave. On leur dira que c'est du plomb. Il y a un an, au détour d'une rencontre avec un archéologue, la pierre prend une toute autre dimension. En octobre 2014, une première expédition " très fugitive " est organisée. Vient ensuite une plongée plus poussée de 3 jours en mai dernier, et la récente mission, entamée depuis mi-août. Cette dernière s'achève mercredi prochain. L'équipe continuera alors son travail en laboratoire.

© Osada/Seguin/DRASSM

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