Le sanctuaire gallo-romain de Vieille-Cour à Mauves-sur-Loire

Tête de la déesse mère, de Mauves-sur-Loire (Ier siècle ap.)
        Le sanctuaire de l’agglomération antique de Mauves-sur-Loire (Loire-Atlantique) a été fouillé en 1885-1886, 1966 et 1976-1979, mais est resté pratiquement inédit. La reprise de l’ensemble de la documentation de fouille permet d’en proposer une lecture renouvelée.

        Après une occupation laténienne (protohistoire) d’interprétation malaisée, les phases principales du sanctuaire datent du début du ier siècle, du dernier tiers de ce même siècle et du milieu du iième : elles signent le passage d’une aire cultuelle relativement modeste, où aucun temple n’a pu être reconnu, à un temple romano-celtique lui-même transformé ensuite en un édifice périptère sur podium. Le sanctuaire est abandonné dans le courant de la seconde moitié du ivème siècle.

        Les mobiliers associés font l’objet d’une étude plus ou moins complète suivant les cas, à vocation chronologique ou thématique.



Contexte géographique et archéologique

        L’agglomération antique de Mauves-sur-Loire dépend de la cité des Namnètes dont le chef-lieu est Nantes. Elle se trouve immédiatement à l’est du village actuel et à environ 16 km en amont de Nantes, sur la rive droite de la Loire. Elle s’inscrit à un carrefour entre trois axes de communication : la Loire, au bord de laquelle l’existence d’un port, ou tout au moins d’une zone d’échouage, est probable mais ne peut être assurée; un axe nord-sud venant de Vendée et se dirigeant vers Petit-Mars et Blain, autres agglomérations antiques ; enfin une voie est-ouest reliant Nantes à Angers, qui a pu connaître deux tracés successifs.

Le sanctuaire (phase IV) et son environnement immédiat (ferme de Vieille-Cour, domus ou villa de la Pinsonne) sur fond parcellaire actuel (DAO M. Monteil).

        L’agglomération antique s’étend sur un vaste coteau en pente douce, qui s’achève en falaise au contact de la Loire et la domine d’une cinquantaine de mètres. Elle est délimitée par deux profondes vallées que drainent respectivement à l’ouest le ruisseau des Coulées et à l’est celui du Val-Manteau. Le substrat y est constitué par des micaschistes d’époque carbonifère et ces roches très friables, entaillées par de multiples vallons, se désagrègent en surface pour donner naissance à des formations argileuses sur lesquelles se sont implantées les premières occupations humaines.

Mars Ultor, statuette en alliage de cuivre. Mauves sur Loire (vs 100-200 ap.)

        Le site antique de Mauves-sur-Loire est connu depuis au moins le début du xixème siècle pour avoir livré en quantité des débris de tuiles et de briques. Un bilan récent, réalisé dans le cadre d’un Programme collectif de Recherche sur les agglomérations secondaires de Bretagne et des Pays de la Loire, a permis d’élaborer une synthèse des découvertes anciennes et plus récentes. Il en ressort l’image d’une agglomération dense, dont la surface au Haut-Empire peut être estimée à une trentaine d’hectares, en ne tenant compte que des zones densément bâties. Dans ce cadre, les édifices les mieux connus révèlent l’existence d’une parure monumentale assez développée, qui range Mauves-sur-Loire dans l’échelon supérieur de la hiérarchie des agglomérations secondaires de la Lyonnaise occidentale, aux côtés de Gennes-sur-Loire (Maine-et-Loire) et Locmariaquer (Morbihan), par exemple.

        Les édifices publics identifiés sont au nombre de trois. Les thermes de Saint-Clément sont relativement isolés à l’entrée d’une voie venant du sud. À l’ouest, un théâtre de type gallo-romain, dit de la Piletière, n’est pas plus précisément daté que les thermes. Il atteint un diamètre extérieur de 61,25 m et présente d’évidentes analogies avec celui, voisin, de Petit-Mars. Le sanctuaire de Vieille-Cour localisé au sud-est. A cela s'ajoute plusieurs découvertes ponctuelles, la villa ou domus périurbaine de la Pinsonne. Cette unité d’habitation apparaît à l’époque augusto-tibérienne et semble s’agrandir progressivement au fil des générations. Elle a dû être définitivement abandonnée vers la fin du iième ou dans la première moitié du iiième siècle.

        L’étiolement progressif du site antique de Mauves-sur-Loire transparaît au travers de l’abandon de la villa de la Pinsonne, vers la fin du iiième siècle de notre ère ou dans le courant du iiième siècle et paraît s’accélérer vers le milieu du ivème siècle.

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Ex voto en forme d'yeux en alliage cuivreux, Temple de Vieille-Cour, (vs 100-300 ap. notre ère).
Monteil (M.), Maligorne (Y.), Aubin (G.), Besombes (P.A.), Bouvet (JP.), Guitton (D.), Levillayer (A.), Mortreau (M.), Thébaud (S.), Le sanctuaire gallo-romain de Vieille-Cour à Mauves-sur-Loire (Loire-Atlantique) : bilan des connaissances, in Revue archéologique de l'Ouest, 26 | 2009, mis en ligne le 31 décembre 2011.


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        The sanctuary of the Gallo-Roman small town of Mauves-sur-Loire (Loire-Atlantique) was excavated in 1885-1886, 1966 and 1976-1979, but has so far remained practically unpublished. Going back over the whole documentation related to the excavation now provides an opportunity to cast a new light on these documents. After a La Tene occupation which is not easy to interpret, the three main phases date from the the early 1st century AD, the last third of the same century, and the middle 2nd one : they signal the passage from a relatively small worship area, where no temple could be recognized, to a Romano-Celtic temple, which itself was then transformed into a pillared bulding on podium. The sanctuary was abandoned during the second half of 4th century. Associated assemblages are the subject of a study which, depending on the topics, is more or less comprehensive, and which is conducted from a chronological or thematic standpoint.


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