1941 : exécution de Karl Hotz à Nantes


        Le 20 octobre 1941, alors qu'il se dirige vers la Kommandantur, accompagné de son aide de camp, le capitaine Wilhelm Sieger, le lieutenant-colonel (Oberstleutnant) Karl Hotz, l'officier responsable des troupes d'occupation en Loire-Inférieure est abattu devant le n°1 de la rue du Roi-Albert, par un militant communiste, Gilbert Brustlein. 

        Ce dernier est membre, avec Spartaco Guisco, ancien officier des Brigades internationales et le jeune Marcel Bourdarias, du commando envoyé de Paris par la branche armée de la résistance communiste. Leur mission est de tuer n'importe quel officier allemand. Se trouvant peu avant 8 heures près de la cathédrale de Nantes, ils croisent les deux officiers allemands. L'occasion est trop belle ! Spartaco Guisco est la premier à agir, il vise le capitaine W. Sieger, sauf que son arme s'enraye, dans la foulée, G. Brustlein tire deux balles dans le dos de Karl Hotz, qui meurt presque aussitôt. Le commando parvient à prendre la fuite, malgré la présence importante dans le centre-ville de troupes du IIIème Reich.

Qui est Karl Hotz ?

        Né en 1877, Karl Hotz est avant tout un ingénieur de l'entreprise Brandt qui connaît très bien Nantes puisqu'il y a travaillé à partir de 1929, lors des travaux de comblement de la Loire et de l'Erdre. Jusqu'en 1933, il supervise également le percement du tunnel de contournement sous les cours saint-Pierre et saint-André (Tunnel " saint-Félix " aujourd'hui). Particulièrement cultivé, francophone et francophile, il se lie d'amitié avec une partie de l’intelligentsia et parmi les élites économiques nantaises. 

        Après la défaite française - il ne combat pas - et l'armistice de juin 1940, Karl Hotz est affecté dans la cité des ducs de Bretagne. Celui qui exerce le titre de Feldkommandant der Stadt Nantes n'est pourtant pas un nazi convaincu, c'est un homme modéré s'inscrivant davantage dans une nostalgie impériale selon les historiens. A certains de ses amis bretons, il ne cache d'ailleurs pas son aversion pour la guerre ainsi que son dégoût envers les Nazis, dont il a peur... Sous son commandement, les travaux engagés avant-guerre sont poursuivis, en outre, la répression face aux actes de résistance y est très modérée (ce n'est pas un Kurt Daluege, bourreau de Lidice, un Herman Fegelein ou un "Sepp" Dietrich !). 


Réaction impitoyable des autorités allemandes

        Au regard de la relative importance hiérarchique de Karl Hotz, la nouvelle de son exécution est rapidement transmise à A. Hitler par Otto von Stülpnagel, chef des forces d'occupation allemandes en France. Le Führer exige l'exécution immédiate de 100 à 150 otages, chiffre qu'O. von Stülpnagel ramène à 100 : 50 dans l'immédiat, puis 50 autres, si les coupables n'ont pas été pris le 23 octobre. 2 jours après l'attentat contre K. Hotz, 48 personnes (au lieu de 50) sont exécutées à Châteaubriant, Nantes et Paris.

        Entre temps - le 21 octobre - un autre militant communiste, Pierre Rebière tue à Bordeaux le conseiller d'administration militaire Hans Reimers. Ce nouvel attentat entraîne l'exécution, le 24 octobre, de 50 otages au camp de Souge en Gironde.


Pour aller plus loin :

Belser (C.), La collaboration en Loire-Inférieure 1940-1944, Geste éditions, La Crèche (79), 2005.
Dominique Bloyet (D.), Sauvage (J.P.), La répression anticommuniste en Loire-inférieure 1939-1944, Geste éditions, , La Crèche (79), 2004.
Fernandez (C.), De la Guerre d'Espagne à la résistance, Ed. Comité départemental du souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure. Châteaubriant, 2010.
Ouri (L.), Rue Du Roi-Albert : les otages de Nantes, Châteaubriant et Bordeaux, Ed. Le Temps des Cerises, Pantin, 1997
Prin (S.), Les socialistes et la Résistance en Loire-Inférieure. Paris, 2008.



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