Qu'était la quévaise en Bretagne ?
Indice 1 : cette " institution " médiévale s'est maintenue jusqu'à la Révolution française et l'abolition des privilèges.
Indice 2 : la quévaise est bien plus répandue en Basse-Bretagne qu'en Haute-Bretagne.
Indice 3 : elle concerne seulement les terres de deux ordres religieux : les Cisterciens et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, dit ordre de Malte depuis le
XVIème siècle.
Indice 4 : les gens de justice qui l’ont spontanément rédigé entre 1312 et 1325
environ, voulaient " faire connaître aux praticiens les règles suivies
devant les tribunaux et éviter aux autres les incertitudes et les
embarras dont ils avaient eux-mêmes souffert ".
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Réponse : pratique successorale de certaines seigneuries ecclésiastiques de
Bretagne, qui avait été mise en place pour faciliter les défrichements,
donc la mise en valeur agricole et le peuplement. Sont ainsi concerné l'abbaye du Relec du Bégard, les terres de la commanderie de La Feuillée, etc...
Pour les historiens contemporains, comme pour les jurisconsultes de
l’Ancien Régime, les deux dispositions les plus surprenantes du droit de
quévaise sont que, d’une part le plus jeune des enfants (le juveigneur)
bénéficie des avantages habituellement réservés à l’aîné et d’autre
part la succession collatérale n’y est pas admise, même s’il s’agit de
frères et de sœurs. Ainsi, si le quevaisier meurt sans héritiers directs, la terre revient au seigneur ecclésiastique propriétaire.
Généralement, le quevaisier devait cultiver chaque année au moins la
moitié des "terres chaudes" (bonnes terres, fumées et amendées,
cultivées principalement en céréales (avoine, orge, seigle, peu de froment), en blé noir, en navets et fèves, etc. afin de ne pas léser le seigneur qui prélevait une partie des récoltes. Les "terres froides", appelées "gaigneries", cultivées épisodiquement, couvertes le plus souvent de lande ou ensemencées en ajoncs, étaient cultivées de temps à autre après écobuage et défrichement à la marre (sorte de bêche), étaient alors ensemencées en seigle et soumises à champart : le prélèvement du seigneur était en moyenne de 3 gerbes sur 20. Le
quevaisier versait aussi une petite redevance pour le droit de pâturage
et d'occupation des landes et fournissait quelques « gélines »
(volailles) au seigneur. Le quevaisier ne peut aliéner ou vendre le bien sans la permission du
seigneur et alors le droit de mutation est très lourd (du quart à la
moitié du prix de vente).
Pour aller plus loin :
Laurent (J.), Un monde rural en Bretagne au XVème siècle : la quévaise, Paris, SEVPEN, 1972. Toutefois, cet ouvrage rare est difficile à trouver.
Laurent (J.), Un monde rural en Bretagne au XVème siècle : la quévaise, Paris, SEVPEN, 1972. Toutefois, cet ouvrage rare est difficile à trouver.
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