Auteur : Jonathan Musereau, Éditions Skol Vreizh, Copyright Skol Vreizh.
Plan :
Les eaux territoriales
La nature des fonds sous-marins
Marées et courants
Les bancs de maërl
La Grande Vasière
Le parc naturel d’Iroise
Une fréquentation accrue
La mer source d’énergie
Plus en savoir plus :
Plan :
1). Géophysique du plateau continental
- Les eaux territoriales
- La nature des fonds sous-marins
- Marées et courants
2). La richesse du plateau continental
- Les bancs de maërl
- La Grande Vasière
- Le Parc naturel d'Iroise
3). L'exploitation du plateau continental
- Une exploitation accrue
- La mer source d'énergie
1). Géophysique du plateau continental
Le plateau continental se définit comme le prolongement du continent
sous la surface de la mer. Cette transition vers l'océan se fait de
façon graduelle, la profondeur pouvant augmenter de manière progressive
ou plus brutale. Il s'agit également de la partie des fonds marins et de
leurs sous-sols sur lesquels un État côtier a une juridiction économique.
C’est aussi un milieu varié, riche et largement exploité.
Les eaux territoriales
La plupart du temps, c’est dans cette zone que s’étendent les mers dites
« territoriales », la partie de mer côtière sous la souveraineté des États côtiers. En pratique, la largeur des eaux territoriales est fixée à
12 miles (20 km) au-delà du littoral. L'État côtier peut néanmoins
prévenir les infractions à ses lois et règlements douaniers, fiscaux,
sanitaires ou d'immigration dans une zone dite « contiguë » qui s’étend
jusqu’à 24 miles (40 km). Au-delà, il peut également disposer d’une
Zone Économique Exclusive (ZEE), dont les limites maximales sont
établies à 200 miles (320 km) de la côte.
La nature des fonds sous-marins
La bathymétrie (mesure de la profondeur de la mer) des eaux
territoriales bretonnes montre que 50% de la surface sous-marine se
trouve entre l'estran et -50 m, 41,5% entre -50 m et -100 m, et
seulement 8,5% à une profondeur supérieure à 100 m. Cette dernière n’est
toutefois pas atteinte en Manche, où le plateau continental offre une
pente plus douce, de même qu’au large du Morbihan. En étudiant plus
précisément la topographie et la géologie des fonds marins au large des
côtes bretonnes, on comprend que ces différences locales en termes de
profondeur sont liées au fait que le Massif Armoricain se prolonge sous
la mer. En effet, si ce dernier s'étend sur seulement 5 km au large du
Trégor et du Léon, il atteint 30 à 50 km dans le golfe normand-breton et
face au rivage morbihannais.
En ce qui concerne la sédimentologie des fonds marins, en
Bretagne nord, ainsi qu'à l'extrémité ouest, les dépôts grossiers
(cailloutis et graviers) hérissés d'affleurements rocheux dominent. A
l’inverse, les ensembles sableux et les fonds vaseux sont fortement
représentés en Bretagne sud. Entre la vasière et le rivage, une échine
rocheuse s’étend parallèlement au rivage et émerge en certains endroits
pour former un chapelet d’îles (Glénan, Groix, Houat, Hoëdic et
Belle-Ile). La différence de nature des sédiments entre la Manche et le
Golfe de Gascogne s’explique en partie par la vitesse inégale de leurs
courants marins.
Marées et courants
La Bretagne est réputée pour ses marées, la baie du Mont Saint
Michel détenant le record européen du plus grand marnage, l’amplitude
entre une pleine mer et une basse mer successives. Lors des Hautes Mers
de Vive-Eau Exceptionnelles (les « grandes marées » d’équinoxe), cette
amplitude peut atteindre près de 14 m à Saint-Malo alors elle ne
dépassera pas 7,5 m à Brest et plafonnera à 5,5 m à Concarneau. Les
variations de la topographie du plateau continental et l’amplitude du
marnage ont une incidence majeure sur la vitesse des courants marins. Le
long de la Manche et en Iroise, lors du flot (marée montante) la
vitesse des courants s’élève souvent à 7 km/h et peut atteindre 15 km/h
dans les zones de rétrécissement, comme au niveau du Cap Fréhel (qui
signifie en breton fort courant : « fré » courant et « hel » haut), dans
le Fromveur, entre Molène et Ouessant, ou encore dans le Raz de Sein.
En Bretagne Sud, la vitesse du courant de marée ne dépasse guère 1 à 2
km/h, sauf dans les estuaires (rias) ou dans des passes étroites du
golfe du Morbihan.
2). Les richesses du plateau continental
Les mers du plateau continental sont aussi le siège d’écosystèmes
produisant une profusion de végétaux (les algues) et une forte biomasse
animale, des richesses exploitées et parfois surexploitées depuis
longtemps. La majorité de ces animaux et végétaux vit dans les 50
premiers mètres, là où la lumière du soleil pénètre facilement. En
Bretagne, de par leur diversité et leur richesse, les ressources
vivantes aquatiques et le benthos (organismes vivant en relation étroite
avec les fonds subaquatiques) ont toujours fait l’objet d’une attention
toute particulière et, plus récemment, d’une protection juridique
(création de zones protégées).
Les bancs de maërl
Le maerl est constitué d’algues rouges calcaires de la famille
des corallinacées (corail). La complexité architecturale des bancs de
maërl offre une multiplicité de niches écologiques et favorise la
diversité biologique. Ils constituent, avec les herbiers de zostères,
l’une des biocénoses les plus originales et les plus diversifiées de
l’Atlantique Nord. Les bancs de maërl se révèlent ainsi être de
véritables réservoirs de biodiversité. En outre, ils représentent une
zone de nurserie pour des espèces commercialement exploitées telles que
les bivalves (coquilles Saint-Jacques, pétoncles, palourdes, praires) et
les juvéniles de poissons (bar, dorade, lieu, rouget…). Localement, ils
peuvent constituer une source non négligeable de matériaux de formation
des plages. Plus de 900 espèces d’invertébrés et 150 espèces d’algues
ont été recensées sur le maërl des côtes bretonnes.
La Grande Vasière
La « Grande Vasière » occupe la partie médiane du plateau du
Golfe de Gascogne, entre la Bretagne et les Charentes. La
caractéristique remarquable de cette aire de dépôt est son extension sur
250 km parallèlement au littoral, par une profondeur d’environ 100 m.
L’épaisseur de sédiments peut atteindre jusqu’à 12 m. Vaste étendue
chalutable, la Grande Vasière est le siège d’importantes pêcheries de
sole, merlu et langoustine, dont l’évolution des productions met en
question la pérennité de leur exploitation. Si elle peut paraître
appauvrie quant à ses peuplements de langoustines, elle sert de
nourricerie à diverses espèces de poissons (merlu en particulier) lors
de leur croissance.
Le parc naturel d’Iroise
Plus au nord, la Mer d'Iroise constitue elle aussi un lieu d’une
grande richesse écologique. Elle abrite le plus grand champ d’algues
marines d’Europe (plus de 300 espèces répertoriées). La quasi-totalité
des 120 espèces de poissons de la façade atlantique française et de la
Manche y sont présentes. Un quart de la population française de
mammifères marins y réside. Il est donc naturel de chercher à protéger
ce patrimoine. Dans cette démarche, le Parc Naturel Marin d’Iroise, créé
le 28 septembre 2007, représente un dispositif majeur. Situé au large
de la pointe du Finistère, il s’étend du sud de l’île de Sein au nord
d’Ouessant. Il couvre une superficie de 3.500 km², soit l’équivalent de
la moitié du département du Finistère. L’aire géographique retenue pour
le parc est volontairement étendue pour garantir son efficacité en
termes de fonctionnement des écosystèmes marins. Le Parc Naturel Marin
d’Iroise offre une solution viable pour veiller à la conservation des
richesses naturelles de l’Iroise nécessaire au développement des
activités qui rendent cet espace vivant et attractif.
3). L’exploitation du plateau continental
Les mers bordières de la Bretagne constituent un espace très fréquenté
par les flottes internationales de commerce (fret ou passagers) et de
nombreuses embarcations de pêche et de plaisance. L’intensité du trafic
et les marées noires qu’il a provoqué ont nécessité sa canalisation pour
renforcer la sécurité. Si les fonds marins se sont révélés dépourvus de
pétrole ou de gaz, la zone fait l’objet de nombreuses prospections pour
l’extraction de matériaux marins. Le vent et les courants marins
constituent enfin des sources prometteuses de production électrique dont
l’exploitation débute à peine ou peine à débuter.
Une fréquentation accrue
Au large de la péninsule bretonne, le rail d'Ouessant constitue
un dispositif de séparation du trafic maritime qui vise à canaliser le
passage maritime le plus fréquenté du monde, emprunté en 2003 par 54.200
navires et un transit quotidien d'environ 700.000 tonnes de
marchandise. Suite à la mobilisation publique qui a suivi la catastrophe
de l'Amoco Cadiz (marée noire, 1978), le dispositif a été éloigné de la
côte, modifié et complété : un second rail montant positionné à 33
milles d'Ouessant est désormais obligatoire pour les navires
transportant des produits dangereux. A cette fréquentation liée au
transport de marchandises, s’ajoutent celles liées à la pêche, une
activité profondément ancrée dans l’identité et l’économie de la
Bretagne et à la plaisance très active le long des côtes.
La mer source d’énergie
Depuis 1966, la première centrale marémotrice du monde, utilise
les courants très puissants de l’estuaire de la Rance (Dinard) pour
générer de l’électricité. Le barrage de la Rance est ainsi devenu la
première source d’électricité de la région dans le domaine des énergies
renouvelables. Il existe également trois projets de parcs éoliens “
offshore ”. L’un se situe en baie de Saint Brieuc et devrait occuper une
superficie de 180 km², un autre aurait une emprise de 80 km² sur le
Banc de Guérande et le troisième devant Belle-Ile n’a pas été retenu.
Trois projets de récupération de l’énergie hydrolienne ont
également vu le jour durant ces dernières années. Le premier est situé
au large de l’île de Bréhat et consiste à tester la fonctionnalité de
quatre hydroliennes immergées par - 35 m de fond et distantes d’une
quinzaine de km des côtes. EDF les a raccordées à son réseau de
distribution au moyen d'un poste de livraison d'énergie situé à terre.
Le second projet (Hydro-gen) est porté par la SARL Aquaphile, qui a mis
au point des hydroliennes flottantes et amarrées par des lignes de
mouillages. Il fait l’objet de tests en rade de Brest. Le troisième,
géré par la société Hydrohelix et nommé SABELLA, est implanté à Bénodet,
à la sortie de l’estuaire de l’Odet. Des projets de récupération de
l’énergie de la houle et des vagues sont enfin à l’étude, comme le
SEAREV lancé en 2003 par le Laboratoire de Mécanique des Fluides (LMF)
de l'Ecole Centrale de Nantes.
Conclusion
Le plateau continental et les mers bordières qui le surmontent
constituent un atout majeur pour les habitants de la péninsule bretonne
mais aussi un terrain de confrontation d’intérêts et de risques
découlant de facteurs naturels et d’activités humaines. Prélever des
sédiments marins peut fragiliser un rivage dunaire ou bouleverser un
biotope propice à la reproduction d’une espèce animale de haute valeur.
La forte fréquentation par des navires de toutes tailles peut provoquer
des accidents parfois meurtriers ou engendrant de graves dommages sur le
milieu naturel, en dépit de la sophistication des aides à la
navigation. Bien d’autres questions se posent à propos de la gestion de
cet espace marin et de l’aménagement de ses bordures. Celles-ci seront
abordées dans les chapitres sur l’exploitation de la mer, l’aménagement
du littoral et la crise de l’environnement.
Plus en savoir plus :
ici : AUGRIS (C), CRESSARD (AP). Les matériaux marins, Paris, Mines & Carrières, vol. 73, 1991.
FOLLIOT (B). « La Grande Vasière » : Etude sédimentologique de deux secteurs septentrionaux. Mémoire de DEA, Université Lille 1, 50 p, 2004.
GRALL (J). Biodiversité spécifique et fonctionnelle du maerl : réponses à la variabilité de l'environnement côtier. Thèse de doctorat, Université de Bretagne Occidentale, Brest, 300 p, 2002.
PINOT (J.P), La gestion du littoral, Paris, 2 tomes, 759 p, 1998.
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