Question ludique du mois : Panthéon

Combien de personnalités bretonnes sont inhumées au Panthéon ? 


Le Panthéon à Paris vers 1890-1900.

Indice 1 : parmi ces Bretons ayant reçu les honneurs des Républiques, qu'une seule femme, mais le Panthéon a honoré tellement peu de personnalités féminines (4 femmes pour 71 hommes !) ... 

Indice 2 : le transfert de la dépouille du dernier Breton ayant rejoint le Panthéon s'est déroulé le 27 mai 2015 !

Indice 3 : sur 75 personnes, les Bretons au Panthéon sont ... 3 ?   5 ?   10 ?   13 ?   20 ?

Indice 4 : les Bretons Jules Verne, Jacques Demy, Jacques Cartier (découverte du Canada !), Eric Tabarly, André Breton, René Laënnec, le prix Nobel de la paix Aristide Briand ne reposent pas au Panthéon.




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Intérieur du Panthéon.


















Réponse : seulement 3 !





       Bien que Germaine Tillion soit la dernière personnalité bretonne à rejoindre en 2015 le Panthéon, c'est sans doute également la plus connue. Car de nos jours, les noms de Antoine-Jean-Marie Thevenard et de Théophile-Malo de la Tour d'Auvergne-Corret sont quasiment tombés dans un oubli.


        D'origine auvergnate, la résistante et ethnologue Germaine Tillion a vécu plus de 40 ans à Plouhinec dans le Morbihan, près de la Petite Mer de Gâsvre. Pour découvrir cette grande dame, c'est ici.





       Mort à 81 ans au grade de vice-amiral, le malouin Antoine Jean-Marie Thévenard a passé la moitié de sa vie en mer. Surnommé " l'ancêtre " car de fait, il était le plus ancien des vice-amiraux que la flotte française ait jamais eu dans ses rangs, Antoine-Jean-Marie Thévenard est né en 1733 d'un père capitaine des Indes Orientales. De Louis XVI à Louis XVIII, sa carrière traverse une période pour le moins troublée : il est couvert d’opprobres sous la Révolution (alors qu'il fait plutôt preuve d'idées libérales), puis d'honneurs l'Empire.


Hierl (L.), Antoine Jean-Marie Thévenard (Château de Versailles).
        Le malouin commence à naviguer dès ses 12 ans dans un contexte de Guerre de Succession d'Autriche (ici) où marines britanniques et françaises s'affrontent. Plus tard, il participe notamment à la défense du port de Lorient et devient un très jeune second-lieutenant de la Compagnie des Indes. En décembre 1747, il participe à deux engagements contre des corsaires anglais devant Saint-Domingue. Puis, lieutenant sur une frégate qui est chargée de protéger les pêcheries françaises contre les agressions des tribus aborigènes, il en profite pour effectuer jusqu'en 1755 des levés hydrographiques sur les côtes de Terre-Neuve et du Labrador. Ensuite, il seconde durant deux années le corsaire F. Thurot dans une expédition fort fructueuse dans les mers d'Irlande et du Nord (lors de la Guerre de Sept Ans : ici). Il est de retour dans la cité corsaire en 1759. Thévenard est un marin mais c'est aussi et peut-être avant tout un concepteur et un constructeur naval ; il conçoit et construit pas moins de quatre frégates. De plus, il s'intéresse aux problèmes techniques d'armement et d'entretien des navires quand il est capitaine du port de Lorient. Grâce à ses loyaux services, il est rapidement promu capitaine de vaisseau et nommé sous-directeur du port de Brest en 1769. A partir de 1780, souffrant sans doute du paludisme, il ne va quasiment plus servir en mer. Louis XVI le nomme ministre de la marine en mai 1791, il démissionne dès septembre, devant la désorganisation générale qui suit la dissolution du Corps des officiers de marine du Roi. Vice-amiral de la Ière République, il est arrêté à deux reprises lors de la Terreur, mais fait rare, est acquitté par le Tribunal révolutionnaire, ce qui ne l'empêche pas d'être à nouveau emprisonné en 1794. Libéré grâce à la chute de Robespierre (27.07), il est réintégré, nommé commandant du port de Rochefort, puis est le premier préfet maritime de Lorient grâce à Napoléon Bonaparte ! Son fils, officier de marine meurt à 32 ans lors de la bataille d'Aboukir. Entre 1810 et 1814, Bonaparte devenu empereur lui confie des missions importantes, à terre, pour l'organisation de la Marine, lui décerne la Légion d'honneur, le fait comte d'Empire et le nomme sénateur. Il meurt le 9 février 1815, peu de temps avant le retour de Napoléon Ier. Son cercueil est transféré au Panthéon dans le caveau II dès 1815.

Biographie modifiée issue de Leduc (E.), Dictionnaire du Panthéon de Paris, Paris, p 269-270, 2013.



T.M de la Tour d'Auvergne-Corret



        Théophile-Malo de la Tour d'Auvergne-Corret est né le 23 novembre 1743 aux environs de Carhaix ou de Pontivy. Lui aussi militaire, il est décoré par le roi d'Espagne pour sa bravoure avant de défendre la toute jeune République française en commandant les compagnies de grenadiers, notamment contre la révolte vendéenne (il a commandé l'une des compagnies de grenadiers des " colonnes infernales "). Grand défenseur de la langue bretonne, il rédige un dictionnaire breton-français pendant son emprisonnement en Angleterre, suite à la capture de son navire (1794-1797). Réputé pour son extrême modestie (il refuse de nombreuses promotions), il va remplacer le dernier fils vivant d'un ami comme simple soldat dans l'Armée du Rhin. Et en 1800, c'est lors d'un combat à Oberhausen - près de Neubourg sur le Danube - qu'il meurt, touché par une lance de cavalier en plein cœur. Il avait 56 ans. L’État français possède d'ailleurs toujours une petite parcelle en Bavière, à Oberhausen, où repose Théophile-Malo de la Tour d'Auvergne.


Petite feuille éducative des Héros français glissée dans le Chocolat-Louit au XIXème siècle.


Pour aller plus loin :

ici : Le Télégramme, Panthéon, une bretonne de plus, 26.05.2015.
ici : Ouest-France, Germaine Tillion aimait le calme de Plouhinec, 27.05.2015.
ici : Le Pays malouin, Qui est le seul malouin inhumé au Panthéon ?, 08.06.2015.
ici : Antoine-Jean-Marie Thévenard biography.
Six (G.), Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l’Empire (1792-1814), Paris, 1934.
Taillemite (É.), Dictionnaire des marins français, Paris, 2002.
Zanco (J.P.), (dir.), Dictionnaire des ministres de la marine (1689-1958), Paris, 584 p, 2011.
ici, ici et ici (de) : le monument rendant hommage à Théophile-Malo La Tour d'Auvergne-Corret en Bavière.




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