Question ludique du mois : un milliardaire breton ...

Qui est le breton le plus riche (économique) de tous les temps ?

L'homme roux recherché. Portrait posthume du XIVème




Indice 1 : ce breton est décédé, semble-t-il à 53 ans, depuis quelques temps ...

Indice 2 : ce breton est notamment connu sous différents noms, dont un latinisé !

Indice 3 : il participe à la bataille d'Hastings avec Guillaume le Conquérant.

Indice 4 : son nom évoque sa couleur de cheveux, il sert à le distinguer de son frère portant le même prénom.






























Réponse :  Alan ar Rouz.


        Né en 1040 et mort en 1093, le breton Alan ar Rouz ou Alan Rufus (nom latin), était Alan the Red pour les Anglais et Alain le Roux pour les Français. Il est le second fils d’Éon/Eudes Ier de Penthièvre, régent du duché de Bretagne et un cousin du duc de Normandie Guillaume.

Quelle est l'origine de la richesse pécuniaire d'Alan ar Rouz ?

        Tout d'abord, et alors qu'il n'est pas duc, il détient avec ses frères le plus vaste territoire au sein du duché de Bretagne surtout concentré en Bretagne nord : Penthièvre, Goelo, Lamballe, évêchés de Tréguier, Guingamp, Saint-Brieuc, Saint-Malo, Dol de Bretagne. Sur l'actuel territoire français, il se peut également qu'il ait eu des possessions près de Rouen.

        Proche compagnon de Guillaume de Conquérant, il semble qu'Alan ar Rouz ait commandé l'aile gauche de son armée à Hastings en 1066. Le chroniqueur Geoffroy Gaimar résume ses actions dans 20 vers de son poème en normand L'Estorie des Engles. Alors que Guillaume demeure à Londres, les armées bretonnes d'Alan ar Rouz et de son frère Brian s'emparent du nord de l'Angleterre (1069-1070), elles repoussent également une attaque des héritiers d'Harold, le roi illégitime déchu, sur Exeter. Sa profonde loyauté envers le nouveau roi Guillaume Ier, dont il est un proche conseiller, lui vaut de recevoir d'immenses domaines contigus (plus de 200 dans le Yorkshire !), ce qui témoigne bien de sa fidélité. Guillaume d'Angleterre s'arrangeait en effet pour distribuer à ses vassaux des terres dispersées afin de limiter leur pouvoir de nuisance en cas de révolte. En 1071, il est fait premier Lord de Richmond, une immense propriété appartenant auparavant à l'ancienne reine d'Angleterre et épouse d'Harold tué à Hastings :  Édith de Mercie. Selon, Richard Muir (Cf. bibliographie ci-dessous), dans le fameux Domesday Book, en 1086, Alan ar Rouz possède 440 seigneuries au sein de 11 comtés anglais (Yorshire, Lincolnshire, l'East-Anglia, Cambridgeshire...).

L'estimation de sa richesse

        Publiée dans The Richest of the Rich (Les plus riches des riches), l'étude de P. Beresford et de W.D. Rubinstein se base notamment sur le Registrum Honoris de Richmond, liste des revenus des propriétés et châteaux d'Alan ar Rouz). La fortune de tous les candidats anglais (monarques exclus) depuis la conquête normande de l'Angleterre en 1066 jusqu'à 2007, est calculée suivant sa contribution au produit national net. Leur calcul démontre qu'en valeur actuelle, sa fortune serait de 117 milliards d'euros. Par comparaison, la femme la plus riche d'Europe, Liliane Bettencourt, détient une fortune estimée à 28,6 milliards d'euros. Cette étude peut être discutée, cependant elle expose le fait qu'Alan ar Rouz est sans doute le breton le plus riche de tous les temps.


Pour en savoir plus :

Chartier-Le Floc'h (E.), Les Bretons en Angleterre, in Histoire de Bretagne en 100 dates, Spézet, Coop Breizh, 2015, p. 36-37.
Fleming (R.), Kings and Lords in Conquest England, Cambridge, 1991, p. 219.
Keats-Rohan (K. S. B.), Alan Rufus (d. 1093), in Oxford Dictionary of National Biography, Oxford, 2004.
Morin (S.), Trégor, Goëlo, Penthièvre. Le pouvoir des Comtes de Bretagne du XIe au XIIIe siècle, Rennes, PUR, 2010.
Muir (R.), The Yorkshire Countryside, A Landscape History, Edinburgh, 1997, p. 170.


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