La fille des aulnes

Quand elle chantait le temps des cerises
Une mésange bleue jouait dans les cyprès
Le soir venait par le sentier de pierres grises
Je l'appelais la Fille des Aulnes
Car les légendes sont ma vérité
L'été flambait sur la mer

Le Recteur de Saint-Philibert
Poussa un cantique au fond de sa bombarde
Je demeurai dans la maison aux volets verts
Et je chantai le temps des cerises
Le brise s'en vint comme une prière
L'été flambait sur la mer

Ne pense pas à ton fils en sa ville afghane
O Fille des Aulnes
Les princes du Nord chérissent les soleils
Reviennent les caravanes à Babylone
Comme s'en revient le temps des cerises
En nos Bretagnes de brises et de sônes
L'été flambait sur la mer

Dans ses yeux rieurs et ses mains fertiles
La Fille des Aulnes secrète comme une île
Cachait ses rêves et ses chagrins
Comme son jardin était tranquille
Sous les cyprès
L'été flambait sur la mer



 
Donne-moi la paix ô Fille des Aulnes
Je suis cette pauvre gondole ivre
Qui ne sait plus ses digues ni ses rives
Et qui chavire aux vents mauvais

La Fille des Aulnes m'offrit l'absinthe
Et pour ses lèvres choisit la bière
Nos coeurs seraient-ils de noirs labyrinthes
Les rivières se perdent-elles dans la mer ?

Le Fille des Aulnes s'en est allée
La mésange bleue chante seule le temps des cerises
L'automne frileux descends sous les cyprès
Sur la mer les bateaux se brisent
Se noient au loin les gondoliers.

Xavier Grall, Solo et autres poèmes, 1981.

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