L’étude de la vie politique en Bretagne sous la Troisième République
révèle le poids crucial lors des scrutins d’un électorat modéré qui ne
s’est jamais reconnu dans le face-à-face des royalistes et des
républicains. Cette personnalité politique originale se manifeste par
une apparente instabilité électorale. En réalité, ces électeurs
faisaient alterner vote à gauche et vote à droite avec pour souci
constant de favoriser le candidat le moins « marqué » politiquement. Ce
comportement se remarque dès 1871. L’importance de cet électorat au
centre de l’échiquier politique a dès lors conduit les états-majors à
adapter leurs stratégies pour gagner les élections. Si les élections
sénatoriales permettent d’observer la première mise en place d’une
conjonction des centres, les stratégies déployées lors des législatives
montrèrent de plus en plus à quel point c’était bien au centre de
l’échiquier que faisait la décision politique. Dans le Finistère, avant
la Première Guerre Mondiale, les candidats sillonistes, héritiers de
l’aile gauche de la démocratie-chrétienne, incarnèrent parfaitement ce
« centre » à la jonction de la droite et de la gauche. Leur évolution
politique future a cependant prouvé la difficulté d’une expression
autonome d’une sensibilité politique authentiquement centriste.
Paubert (L.), Électorat « du centre » et modération politique en Bretagne sous la IIIe République : l’exemple du Finistère et du Morbihan, In Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 111-1, p 65-90, 2004.
Garnier Jules, Thiers proclamé « Libérateur du Territoire », le 16 juin 1877. |
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Studying political life in Brittany under the Third Republic reveals the
crucial importance at election-time of a moderate electorate, which
never felt akin to the traditional face-à-face between Royalists end
Republicans. Such an original political personality is manifest through
apparent electoral instability. As a matter of fact, these voters
alternated the left vote with the right vote showing constant
determination to favour candidates with the least apparent political
bias. Such behaviour was evident as early as 1871. The significance of
that electorate at the center of the political scene thus led party
officials to adapt their strategies so as to win elections. Although the
first establishment of some kind of centre conjunction may be observed
through senatorial elections, the strategies displayed at legislative
elections gradually showed that decisions were actually made at the very
center of the political scene. In Finistère before the First World War,
the candidates of the Sillon Movement– the heirs of the Christian
Democrats’ left wing – truly embodied that centre located at the
junction between right and left wings. However, their future political
evolution was to show how difficult was the independent expression of a
political trend possessing genuinely centre-biassed sympathy.
Pour aller plus loin :
MAYEUR (J-M.), La Vie politique sous la Troisième République, Paris, 1984.
WINOCK (M.), La Fièvre hexagonale : les grandes crises politiques de 1871 à 1968, Paris, 1986.
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