Le requin-taupe, appelé également
" maraîche ", a choisi la Manche, et plus particulièrement les côtes
trégoroises, pour se baigner dans les eaux françaises. Habitué des eaux
fraîches, on le retrouve également dans l'Atlantique Nord, en Australie,
au Brésil et au Chili. Mais ce requin,
assez craintif, s'approche rarement de l'homme. En 2015, Didier
Brémont a réussi à le filmer pour la première fois. Sa technique ? Armé
de patiente, il plonge sous son bateau pour attendre que le requin-taupe
se présente. Et ses efforts ont de nouveau payé. Sur la vidéo, le
requin-taupe saute légèrement hors de l'eau pour attraper une proie puis
nage tranquillement à seulement quelques mètres de la caméra. On le
reconnaît à la tâche blanche présente à l'arrière de son aileron ainsi
qu'à son museau pointu. Malgré sa taille impressionnante d'environ 3
mètres, ce requin n'a pas de quoi faire peur. En effet, le requin-taupe
commun attaque rarement l'humain et la liste ISAF (International Shark Attack File) ne recense que " deux attaques non provoquées en Angleterre et au Canada, toutes deux portées sur des plongeurs et non mortelles ". Sa
ressemblance avec le grand blanc ou encore le requin mako n'est
néanmoins pas anodine, et pour cause : ils appartiennent tous trois à la
même famille des lamnidés.
Une espèce menacée
Le fait que ce requin soit présent sur nos côtes est bon signe.
Fortement chassé, il avait bien failli disparaître. Aujourd'hui, le
requin-taupe est une espèce protégée et est inscrit comme " en danger "
sur la liste rouge de l'UICN
(Union Internationale pour la Conservation de la Nature) au niveau
national et " vulnérable " au niveau mondial. Cependant, selon Bernard
Seret, consultant en ichtyologie marine, le requin-taupe " vit
habituellement au large " et les individus s'échouant sur nos côtes " sont
désorientés et affaiblis ". L'APECS aimerait
prochainement lancer une étude balistique sur ces requins pour pouvoir
suivre leurs mouvements et comprendre pourquoi ils ont choisi
précisément cet endroit pour rester. Il ne reste plus qu'à trouver des
fonds, car une balise coûte entre 3000 et 4000 €. Il s'agirait de la
première étude sur les requins-taupes dans la Manche, qui s'ajouterait à
celle de 2008-2009 effectuée en Atlantique.
Lacoste (J.), Le requin taupe a fait son trou en Bretagne !, Sciences et Avenir, 11/10/2016.
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