La pointe pointilliste du Touliguet


Luce (M.), Bord de mer ou la pointe du Toulinguet, huile sur toile, musée du Petit palais (Genève), 1893.

        Après Brest et Plougastel-Daoulas, Maximilien Luce découvre Camaret qui le ravit, en particulier en raison de l’animation qui règne sur les quais. Il s’y établit pour quelques semaines. […] Les œuvres d’inspiration camarétoise de Maximilien Luce, les unes datées de 1893, d’autres terminées à Paris et datées de 1894 et 1895, figurent parmi ses grandes réussites par leur pureté et leurs effets décoratifs. Il s’intéresse à la disposition originale du port, à une flottille de bateaux de pêche en pleine mer, à l’animation des quais, aux hautes falaises des environs, dont la pointe du Toulinguet vue depuis la crête de Pen-Hat. […]

        L’esquisse Côte rocheuse est une étude sur le motif qui lui servira à peindre en atelier, à son retour à Paris, Bord de mer. Elle n’a pas la virtuosité pointilliste ni la pureté de l’œuvre définitive, mais elle contient déjà en germe cet esprit décoratif. Le peintre y exprime sa sensibilité devant le spectacle coloré de la nature. Dans l’œuvre peinte en atelier, il redessine les lignes qui sont plus affirmées [...] il redresse la perspective dans un format moins panoramique ; il repositionne la pointe dans la composition afin que la mer apparaisse en haut à droite ; il fractionne et simplifie chaque zone colorée. Mais le paysage n’est pas défiguré. Au contraire, le jeu des lignes décoratives met en valeur le promontoire majestueux.

Extrait : André Cariou, De Turner à Monet, La découverte de la Bretagne par les paysagistes au XIXème siècle, Quimper, 2011.


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