A. Speer, ministre de l'Armement et de la production de guerre, nazi convaincu, vient inspecter le fonctionnement de la base de Keroman à Lorient. |
" Speer est toujours en phase avec le Führer. Il est véritablement un génie de l'organisation "
J. Goebbels dans son journal, juin 1943.
Toute guerre a pour but de conquérir un espace géographique ou des
populations en mettant hors de combat l'adversaire le plus rapidement
possible et par tous les moyens. Parmi ces moyens existe celui qui
consiste à détruire les centres vitaux de l'ennemi, annihiler ses
propres moyens en coupant son ravitaillement. L'encercler pour l'affamer
et le priver du matériel de guerre est l'un des principes les plus
anciens et jusqu'à présent aucune guerre n'y a échappé. Les actes
chevaleresques destinés à donner un caractère civilisé aux guerres n'ont
servi qu'à masquer les horreurs perpétrées dans ces courses effrénées
dont le but est de frapper fort au bon moment. En vertu de ces principes
guerriers, pour les besoins d'une guerre sans quartier, Lorient est
entré dans l'histoire parce qu'un amiral, Karl Dönitz, appliquait à la
lettre les stratégies écrites par Clausewitz. Pour que les U Boote de la
Kriegsmarine soient plus rapidement opérationnels dans l'Atlantique il
décida, dès 1940 de les baser dans les ports français et notamment dans
celui de Lorient.
Là, sur une petite presqu'île appelée Keroman, avec Fritz Todt puis
avec Albert Speer, il fit édifier, en trois gigantesques blocs de béton
et une bonne demi-douzaine de bunkers la plus grande base de
sous-marins. C'est, par sa dimension, la plus importante construction du
IIIème Reich. Cette base valut à Lorient d'être l'un des derniers
bastions allemands à capituler, le 10 mai 1945. La paix revenue en
Europe, Keroman cessa d'être la tanière des " loups gris " de Dönitz
pour se transformer en un " village " abritant les sous-marins de
l'escadrille de l'Atlantique. Toutes ses activités ont cessé en 1997.
Cependant ces immenses blocs de béton sont empreints d'une histoire dont
un grand nombre d'acteurs sont encore vivants. Ce sont ces hommes qui
ont fait cette histoire, à quelque camp qu'ils aient appartenu. On ne
peut donc raconter l'histoire de la base de Keroman sans raconter celle
des hommes.
Avant propos, Grand Colas (J.), Bourguet-Maurice (L.), La tanière devint village, Histoire de la base de sous-marins de Lorient-Kéroman (1940-1997), Rennes, 1997.
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