1925 : naissance du résistant Guy Faisant




        Né à Rennes, d'un père, agent de ligne aux PTT, militant syndicaliste et ancien combattant de la Première Guerre, Guy Faisant obtient son brevet industriel de tourneur à l'école d'industrie. Il a 15 ans le 17 juin 1940. Ce jour là, l'aviation allemande bombarde la gare de Rennes et le bilan humain est effrayant : entre 1.500 et 2.000 morts ! En cause, un train de munitions et de mélinite, un explosif puissant stationné près de trois convois de réfugiés belges et du nordde la France, le 212ème régiment d'artillerie français et des soldats britanniques. Nous sommes en pleine Débâcle. Or Guy Faisant se trouve justement sur la passerelle de Quineleu, ce passage aménagé pour les piétons (1927-1992) afin d'enjamber les installations ferroviaires entre le centre-ville et la place de la gare. Son sentiment anti-allemand, déjà présent dans son éducation grandit après cet épisode tragique.

        À la fin de 1940, il est contacté par un membre de  l'O.S pour recruter, au sein de l'école, des jeunes hostiles à l'occupation. Des collégiens s'assemblent autour de Guy : Gilbert Anquetil, Jean Annick, Michel Goltais, Jacques Tarrière, Yves Le Moigne et Pascal Lafaye. Ils distribuent des tracts du groupe de la Résistance de la SNCF, lacèrent des affiches prônant la collaboration, détruisent des panneaux de signalisation allemands. Le 17 juin 1941, malgré l'interdiction, ils vont fleurir au cimetière de l'Est, les tombes des victimes du bombardement allemand survenu un an auparavant. 

        Le 12 novembre 1941, le jeune Guy - 16 ans - est arrêté par la police allemande et incarcéré à la prison Jacques Cartier. Par chance, faute de preuve, il est remis en liberté. Il reprend ses actions. Avec Yves Le Moigne, il sabote un câble allemand passant sous le pont de Nantes, le groupe récupère des armes dans un entrepôt des " Établissements Reiner ", boulevard de Chézy. Ils sont dénoncés par un étudiant en médecine qui, arrêté par la police allemande pour un trafic d'or, obtient grâce en devenant informateur. Guy Faisant est arrêté à son domicile, 33 rue des Ormeaux, le 5 mars 1942 par le S.D. (service de renseignement de la sinistre SS) ; à 16 ans et demi, c'est le plus âgé ! Il subit des interrogatoires brutaux au siège du SD, 10 rue de Robien. Fin mai, les membres du groupe sont envoyés à Paris à la prison du Cherche Midi, en application du décret " Nacht und Nebel " (Nuit et Brouillard), du 7 décembre 1941. Puis, les 6 Rennais sont déportés, le 4 juin 1942 vers l'Allemagne. Ils font partie du premier convoi de déportés d'Ille-et-Vilaine. Ils arrivent au camp spécial de la Gestapo à Hinzert en Rhénanie. Pascal Lafaye, qui n'a pas encore 15 ans, doit sans doute être le plus jeune déporté " NN " d'Europe Occidentale ! 

        Le 10 janvier 1944 (!!!), à Breslau, Guy Faisant, ses camarades, comparaissent devant le Sonder-Gericht (Tribunal Spécial). Tous sont condamnés aux travaux forcés, sauf Marie Lafaye qui est condamnée à la réclusion et meurt à Ravensbrück. Les Rennais sont envoyés dans une prison atelier de Schweidnitz, où ils doivent fabriquer des pièces. Pascal Lafaye, n'ayant pas d'expérience est quant à lui dirigé au Camp de Mittelbau, bientôt rejoint par Jacques Tarrière. Ce dernier y meurt d'épuisement le 1er mars 1945 alors que Pascal Lafaye est tué pendant le bombardement du camp du 8 avril. Pendant ce temps là, du fait de l'avancée de l'armée soviétique, Guy et ses camarades sont transférés à pied sur 60 kilomètres et par –25 degrés, à Hirschberg, dépendant du camp de concentration de Gross-Rosen. Ils seront libérés le 8 mai 1945 par les Soviétiques.
 
        Guy Faisant rentre à Rennes, le 10 juin 1945. Le groupe de collégiens de l'École d'Industrie est incorporé aux Francs-Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F.). L'ancien déporté devient sergent FFI. Grand invalide de guerre, physiquement, il se remet doucement. Il suit des cours du soir à l'École des Beaux-Arts pour passer un examen de dessinateur, puis en 1946, entre comme dessinateur à l'Intendance Militaire. En 1948, Guy épouse Jeannine et ils auront deux enfants et six petits-enfants. Il passe un concours d'entrée aux Ponts et Chaussées en 1954. Retraité en 1980, il peut alors consacrer plus de temps à 2 activités : les Hospitaliers Sauveteurs Bretons (H.S.B.) et la défense des intérêts moraux et matériels des anciens résistants et déportés. Pour la défense de ses anciens camarades de déportation, il s'investit dans différents comités. Guy devient le président de la section rennaise de la Fédération Nationale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes (F.N.D.I.R.P.). Privé de la parole, il se fait malgré tout un devoir de participer à toutes les grandes manifestations mémorielles...


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