Chapitre 7 : Civilisations et économies de l'Armorique celtique (V - Ier siècle av notre ère).

Introduction : l'Armorique des Celtes.

ELEGOET (L.), Bretagne : une histoire, Rennes, 2005.

      Large région côtière de la Gaule occidentale, l'Armorique bretonne* est divisée en une myriade de tribus regroupées en cinq peuples : les Osismes, les Vénètes, les Coriosolites, les Redones et les Namnètes. Quelles sont les caractéristiques de ces peuples ? Comment s'organise la vie au quotidien ? Quelles sont les activités productives de ces cinq peuples d'Armorique ?




* Parce que l'Armorique n'est pas, pour eux, un ensemble singulier, les Romains envisagent la confédération armoricaine comme l'ensemble des peuples allant de Pornic à Fécamp. Pour autant, dans cet article, nous n'envisagerons que les peuples de l'actuelle Bretagne, comme ci-contre, sans les Unelles, les Viducasses... .




I]. La vie économique en Armorique.

A. La société est avant tout rurale.

      Rouage essentiel des sociétés armoricaines, l'agriculture et l'élevage sont assurées par de nombreux établissements agricoles, des hameaux ou des fermes isolées. Parmi les productions agricoles dominantes, les céréales (orge, épeautre, blé...) et les légumineuses (fèves, lentilles, pois...), quant à l'élevage, il s'agit des porcs, des bœufs et plus rarement chèvres et moutons. L'alimentation est complétée par la pêche (poissons et fruits de mer) et la chasse (sangliers et cerfs principalement). Afin de conserver les viandes et les poissons, une industrie saline se développe de l'actuelle baie du Mont-Saint Michel jusqu'à la pointe Saint-Gildas (Cf. le four à sel de la Tara).

      Les habitations regroupées en de modestes villages et hameaux ne sont pas identiques dans toute l'Armorique car les matériaux utilisés diffèrent selon les ressources disponibles sur place. Les parois sont généralement constituées de branches entrecroisées et renforcées par un isolant thermique naturel : l'argile. Sans fenêtre, les occupants des maisons sont obligés de s'éclairer à la lumière du feu central. L'ensemble est ensuite entouré d'un fossé et d'une palissade pour se prémunir des bêtes sauvages et des ennemis potentiels. " Une des particularités de cette époque est la présence (à l'intérieur de ces villages) de souterrains composés d'une succession de petites chambres voûtées [...], que l'on ne peut franchir qu'à quatre pattes. Tous sont localisés à l'Ouest de la péninsule, plus particulièrement chez les Osismes [...]. La présence de poteries [...] permet de leur attribuer le rôle de "caves", de silos, parfois d'ateliers métallurgiques [...]. G. Minois, Nouvelle histoire de la Bretagne, op.cit. Des exemples de "caves" souterraines ont été retrouvées sur le site de Kervouyec près de Quimper comme l'explique, ci-dessous, l'archéologue Eric Nicolas.




B. La richesse de l'industrie et de l'artisanat armoricains.


Pesons de tisserands retrouvés à Thorigné Fouillard (35) en 2006.
      Bons agriculteurs, les Celtes d'Armorique n'en étaient pas moins de brillants artisans. Divers trouvailles archéologiques, dont des pesons de tisserands, démontrent d'ailleurs que ces peuples pratiquaient des travaux de tissages de la laine, du fil et du lin. Les unités villageoises rassemblées autour d'une ou plusieurs fermes devaient en somme constituer des unités semi-autonomes.


      En plus de la production textile, l'artisanat concernait également le travail du fer, du bronze, de l'or, de l'argent, du corail. Ils étaient aussi passés maîtres dans l'art de l'émaillerie, de la charronnerie (charrette), de la tonnellerie et de la vannerie. L'industrie saline prend de l'ampleur comme évoqué précédemment, si bien que dans la Rome républicaine puis impériale, les salaisons armoricaines étaient fort réputées.



      Enfin, la production locale de céramique a été repéré sur une centaine de sites archéologiques. La décoration répond à différentes "modes" ; tout d'abord sobre, les céramiques à enduit graphité sont par la suite ornées de motifs géométriques puis curvilignes puis de frises et enfin de spirales entrelacées.

Pots, vases, amphores des IIe-Ier siècle av. découverts en 2005 à Kergolvez près de Quimper. Vaste centre économique de productions et d’échanges, Kergolvez rassemblait un ensemble d’activités artisanales spécialisées.



C. L'Armorique : un carrefour commercial florissant entre deux mondes.

      Le commerce requiert 3 éléments : 
- des produits à échanger ou à vendre,
      L'Armorique étant le point de passage obligé entre Méditerranée et îles britanniques, le commerce porte sur une vaste palette de produits armoricains décrits ci-dessus (poteries, vanneries, orfèvreries etc...) aussi bien "qu'étrangers" : céramiques et notamment des amphores grecques et carthaginoises, vins provenant de tout le bassin méditerranéen... . Ainsi, lorsque les légions romaines arrivent en Armorique, la région est déjà largement ouverte sur l'ensemble du monde connu grâce à la Manche, la vallée de la Loire, le golfe de Gascogne.

- une monnaie lorsque le troc n'est pas possible,
      Les puissants Vénètes sont les premiers à battre monnaie d'or vers la fin du IIème siècle av notre ère. Pesant en moyenne entre 7,80 et 7,95 grammes, les pièces vénètes assoient leur supériorité commerciale dans toute la péninsule. L'historien Louis Pape affirme d'ailleurs que, " Pour ces peuples, battre monnaie était une affirmation d'indépendance, de souveraineté et la preuve d'une réelle efficacité économique". Les Namnètes imitent leur voisin en frappant des statères très ressemblantes (une tête au droit et souvent au revers un cavalier). Puis c'est au tour des autres peuples de se doter d'une monnaie. Pour autant, la circulation des différentes monnaies reste vraisemblablement très faible et donc localisée. 

Trésor de Laniscat composés de statères en électrum (alliage or-argent) datant de - 50 av et frappés par le pouvoir osisme.

      A l'aube de la conquête romaine, les pièces se sont considérablement dégradées, la proportion d'or s'amoindrissant. D'ailleurs, la première monnaie émise par les Coriosolites à partir d'environ - 90 n'est plus en or mais en argent. 

- des navires et des hommes qualifiés pour la navigation.
Navire vénète.

      Il ne subsiste aucune trace des navires commerciaux des peuples armoricains, néanmoins grâce aux descriptions de César dans la Guerre des Gaules, les archéologues ont une idée assez précise des embarcations vénètes en chêne. A fond plat, ils mesuraient vraisemblablement 30 m de long sur 9 m de large et 2 m de tirant d'eau. Selon César, ces lourds navires très résistants étaient capables de naviguer aussi bien en haute mer que dans des cours d'eau peu profonds. Les voiles étaient constituées de peaux ou de cuir plutôt qu'en chanvre afin de résister aux violentes tempêtes atlantiques. Enfin, à la tête de ces navires, d'excellents marins dont la réputation persiste jusqu'à la période romaine.



II]. Caractéristiques des sociétés armoricaines.


A. Une société très hiérarchisée.

      Les concepts d’État, de Nation ne peut pas s'appliquer puisque l'unité politique en Armorique n'existe pas. Les Celtes étaient groupés en tribus au nom souvent caractéristique (Osismes pour les Finistériens...). Entre ces tribus, des heurts militaires, des liens de domination, d'alliances temporaires, ont cours. Certainement subdivisés en clans, la tribu était, à l'origine, dirigée par un roi (rix) élu par ses pairs parmi la haute aristocratie. La société celte demeure très hiérarchisée avec ses 3 ordres : les nobles, les hommes "ordinaires" et les non-libres (esclaves, familles déchues...). Parmi les familles nobles : les guerriers, les juristes, les médecins, les bardes et également des artisans spécialisés à l'image des charpentiers et des forgerons. Le noble entretenait des liens clientélistes avec les hommes libres "ordinaires", l'un subvenait aux besoins matériels contre la protection armée de l'autre. La puissance d'un noble se mesurait au nombre de "clients" qu'il possédait et au faste de son mode de vie, des fêtes données. Le vin, denrée coûteuse, importé à partir des espaces méditerranéens accompagnait les viandes fraîches ou salées.


B. Guerres et combats singuliers : une société belliqueuse.

      Pour P. GALLIOU, "Les guerres entre clans, les raids, les expéditions militaires sont autant d'occasion d'affirmer des valeurs aristocratiques de courage et de bravoure de la tribu". Les activités guerrières semblent donc avoir joué un rôle important dans les sociétés armoricaines comme en témoignent les très nombreux camps fortifiés bâtis sur des promontoires, des falaises côtières... . Par exemple, le camp d'Artus à Huelgoat (chez les Osismes) est entouré d'un mur de 4 m de hauteur, 17 Ha sont fortifiés par les Coriosolites à la pointe du Meinga, à Erquy, le camp atteint 35 Ha, à Castel Coz se sont pas moins de 3 talus qui assurent la défense du site. De telles forteresses sont bien la preuve que troupes et populations civiles avaient besoin de se réfugier en ces lieux lors des fréquentes menaces extérieures ou d'instabilités internes.
 
      Les armées très hétéroclites se composaient de fantassins, le guerrier type étant armé d'une épée de fer, d'une lance et d'un bouclier ovale ou rectangulaire. Mais, seuls les plus économiquement riches portaient des casques ornés. Des paysans pouvaient également être enrôlés de force pour grossir la troupe. Renforçant l'infanterie, quelques cavaliers étaient recrutés parmi l'aristocratie puisque le cheval était un symbole de puissance et de prestige. Le cheval servait également à tirer les rares chars de guerre composés d'un cocher et d'un combattant.


Ruée des armées celtes sur leurs ennemis, Astérix chez les Belges
A droite le fameux carnyx. Pour écouter sa sonorité : voir fin de l'article)
      Avant la bataille, les armées étaient annoncées par le son strident des carnyx, ces grandes trompes de guerre destinées à effrayer l'ennemi, à implorer les divinités et exhorter le courage des troupes armoricaines . Polybe relate bien que " [...] les sonneurs de trompettes étaient en nombre illimité, et l'armée toute entière poussait en chœur son cri de guerre ; cela faisait un tel vacarme que tout le pays alentour semblait disposer d'une voix pour répéter ce cri. [...] Ces hommes bien bâtis étaient tous dans la force de l'âge, et les chefs portaient de somptueux torques et bracelets d'or". La stratégie militaire consiste en une ruée frontale de toute l'armée, dans le désordre le plus total, ce qui explique aisément leurs défaites lors des premières confrontations avec une armée aussi bien organisée que l'armée romaine. Les chefs, tirant leçon de leurs échecs finirent par modifier leur tactique en la complexifiant.



C. Une société superstitieuse.

La religion : un culte de forces naturelles.

      Très superstitieux, les peuples celtes ne pouvaient pas accomplir un acte de la vie quotidienne sans penser à leurs dieux et déesses. Les divinités - Lug célébré le 1er août, Taranis, Teutanès, la cavalière Epona - sont autant de représentations de forces naturelles (pierres, arbres, sources...). Dans le chapitre 6, j'évoquais avec vous, la "statuette à la lyre" de l'ancien village de Paule ; a été aussi retrouvé un très abimé "dieu au maillet" (peut-être la représentation de Sucellus) à Saint-Brandan. Cependant, le panthéon armoricain reste mal connue puisque les représentations de divinités sont extrêmement rares. Il est probable que chaque localité, chaque tribu, chaque groupe villageois possédait son dieu protecteur. Parmi les plus importants, Taranis, le dieu forgeron, assimilé plus tard au dieu romain Vulcain, sera souvent représenté terrassant un monstre à queue ou accompagné d'une roue. Teutanès (ou Toutatis) est le dieu protecteur de la tribu. Les trois déesses Matres sont associées à la fertilité de la terre et des femmes.

      En plus des divinités, certains animaux sont plus sacrés que d'autres tels le sanglier, symbole de puissance, le chien, le bélier, le taureau, le cygne, et la grue (oiseau considéré comme néfaste). Enfin, au début de la période, la tête humaine, siège de l'âme et de la force, revêt elle-aussi une dimension religieuse, si bien que les ennemis sont fréquemment décapités et embaumés dans l'huile de cèdre.


Un enclos circulaire en cours de fouille, Lannion, 2010.


      Notre relative méconnaissance des dieux armoricains s'explique largement par le fait que les cérémonies religieuses pouvaient être pratiquées partout. Ces lieux de culte échappent donc totalement à l'archéologie. Seuls ont été retrouvés des enclos de terre entourant une série de puits rituels dans lesquels étaient jetés des offrandes à des dates précises. Dirigées par les druides, les cérémonies étaient en effet fixées dans le calendrier semble-t-il par rapport aux mouvements de la Lune.  


      " La force de cette religion réside dans son caractère désincarné, (d'où) les difficultés d'implantation du christianisme et les survivances de croyances pré-chrétiennes jusqu'au XIXème siècle. Seule la science peut venir totalement à bout d'une religion des forces naturelles, en les expliquant. " G. Minois, p 54, op.cit. Pas de temple à détruire, pas de texte sacré à brûler, d'idole à faire oublier alors que le vent, la pluie, le tonnerre, les marais ont un caractère immuable. Autre force, ce culte indéracinable des peuples armoricains peut atténuer les peurs collectives et individuelles, expliquer les mécanismes du monde vivant, s'adapter selon les conditions climatiques etc...  "Le clergé catholique n'arrivera à recouvrir (cette religion) que par une série de ruses et de compromis, comme la "christianisation" de menhirs...".


Les stèles funéraires et la vie après la mort.

Stèle débitée et enfouie dans une fosse, Pont-L'Abbé, 2001.


      Les coutumes funéraires des Armoricains sont complexes. Il semble bien qu'ils croyaient en une vie après la mort. Du mobilier, de la monnaie, des armes, de la nourriture entreposés dans les sépultures étaient ainsi sensés servir au défunt dans leur autre vie. Néanmoins, il n'existe pas de tombe armoricaine type. Particularité de l'ouest de la Bretagne actuelle : les stèles funéraires ou "lechs" associées à un lieu de sépulture. Toujours en granite et d'une hauteur comprise entre 50 cm et 2 m, ces colonnes sont parfois sculptées avec des cannelures ou des spirales. Leur fonction hautement religieuse explique pourquoi l’Église chrétienne s'évertua au Moyen Age, de les faire disparaître ou d'ériger de croix chrétiennes sur celles qui restent. Les souterrains et les stèles funéraires individualisent donc déjà nettement la future Basse-Bretagne tandis que les Redones et les Namnètes ont des caractéristiques se rapprochant des autres peuples gaulois.





Les "grands-prêtres" du culte : les druides.

       Les druides formaient une classe de lettrés respectée pour leur sagesse et leur savoir (transmis uniquement par la voie orale). Ils observent notamment les astres pour établir le calendrier. Grâce à leurs connaissances médicales, géographiques, historiques..., les druides prennent en charge le culte des dieux et font autorité en matière de religion car ils sont bien les seuls à pouvoir interpréter les "signes" de la nature. Lors des cérémonies religieuses, ils sont parfois secondés par les bardes, sortes de conteurs, immortalisant l'histoire de la tribu. En plus de leur rôle religieux, les druides jouissent d'un grand pouvoir dans les sociétés armoricaines parce que " Les druides [...] statuent sur presque toutes les contestations publiques ou privées ; si un meurtre ou un crime a été commis [...] ce sont eux qui jugent et fixent les dédommagements et les peines. Lorsqu'un individu ou une tribu refuse de se plier à leur décision, ils les bannissent et les excluent [...]. C'est la peine la plus sévère." César, La Guerre des Gaules, op. cit.





      Dans leur vie quotidienne, leur art exubérant , les Armoricains laissent "une impression d'immense énergie, d'une joie de vivre". Commerce florissant par delà les mers et vallées, productions agricoles, artisanales, et industrielles diversifiées permettent un enrichissement général de ces sociétés hiérarchisées. Le systèmes économiques connaissent alors leur apogée. Grâce aux différents objets archéologiques plus ou moins sophistiqués qui nous sont parvenus les Armoricains ne sont pas ces barbares incultes et primaires que nous décrivent certaines sources écrites. Mais bientôt les rivalités guerrières divisent et fragilisent la région vis à vis des civilisations voisines. Et à partir du IIème siècle, le "monde celtique breton" amorce un progressif déclin qui facilitera sa conquête. D'autres mutations sonneront le glas de l'indépendance politique des Osismes, Coriosolites, Vénètes, Redones, et Namnètes.


A suivre :

ici, Chapitre 8 : Conquête romaine de l'Armorique (-57 à -51 av. notre ère).
Chapitre 9 : La romanisation : repères chronologiques (- 50 à IVème siècle ap. notre ère).

Précédemment :

ici Chapitre 1 : Le Paléolithique en Bretagne (- 7 000 000, - 10 000 av. notre ère).
ici Chapitre 2 : Le Mésolithique en Bretagne (- 10 000,- 5 000 av. notre ère).
ici Chapitre 3 : Le Néolithique en Bretagne (vers - 5 000, - 2 000 av. notre ère).
ici Chapitre 4 : L'âge du Bronze en Bretagne (vers - 2 000 , - 800 av. notre ère).
ici Chapitre 5 : Le premier âge du fer en Bretagne (vers - 800,  - 450 av. notre ère).
ici Chapitre 6 : Protohistoire des peuples celtiques (vers - 450, IIIème siècle av. notre ère).

Pour en savoir plus :

ELUERE (C.), L'art des Celtes, Paris, 624p, 2004.
FICHL (S.), Les peuples gaulois, IIIème - Ier siècles av JC, Paris, 2004.
FICHL (S.), Les Origines du phénomène urbain dans le monde celtique, in AUGUSTA-BOULAROT (dir.), Des Ibères aux Vénètes, Rome, p 19-29, 2004.
HAYWOOD (J.), Atlas historique des Celtes, Autrement, Paris, 2002.
GALLIOU (P.), Le monde celtique, Paris, 126 p, 1997.
GUYONVARC'H (C.J.), Magie, médecine et divination chez les Celtes, Paris, 1997.
KRUTA (V.), Les Celtes, Histoire et dictionnaire, Paris, 839 p, 2000.
LE ROUX (F.), GUYONVARC'H (C.J.), La civilisation celtique, Rennes, 1990.
NAAS (P.), Histoire rurale des Vénètes armoricains (Ve av JC - IIIe ap JC), Saint Malo, p 238, 1999.
STERCKX (C.), Mythologie du monde celte, Paris, 470 p, 2009.
VENDRYES (J.), La religion des Celtes, Spezet, 1997.


Compléments sur Internet :

La déesse Brigitte du Menez Hom, Chroniques "Histoire de Bretagne", France Bleu Armorique, 2010.
Au son du carnyx, une archive singulière datant de 2002.

H.M

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