Le centre des archives diplomatiques de l’État français se situe en deux lieux sur le territoire : à la Courneuve et à Nantes, rue de Casterneau. J'ai eu le privilège de visiter une partie de ces installations accessibles au grand-public en de très rares occasions. La chance également d'y prendre quelques photographies.
De par leur triple vocation, administrative, scientifique et culturelle,
les Archives de Nantes ont cinq missions essentielles
(appelées familièrement " les 5 C ") : collecter, classer,
conserver, conseiller, communiquer.
Collecter ou l'état de versement des représentations françaises à l'étranger
Les archives de Nantes reçoivent tous les jours des palettes de documents diplomatiques en provenance des ambassades et consulats français du monde entier via les valises diplomatiques (conventions entre les pays "administrés" de la planète qui prévoient une non-intervention totale sur ces documents) ! Ci-dessous : la collecte du jour en provenance des Pays-Bas.
Sur quels critères sont rapatriés les documents à Nantes ? Ces arrivages
concernent - la plupart du temps - une tranche chronologique des
archives, présentes, dans le cas ci-dessus, à Amsterdam, et qui ne
présente plus d'intérêt de conservation hors de France. Sous
ces bâches, il serait facile d'imaginer des dossiers traitant des affaires
courantes, par exemple entre 1995 et 2000. Cette collecte est régulière et très organisée en amont par les agents sur place. Toutefois, il arrive que le rapatriement n'obéisse pas aux mêmes règles, en cas de troubles, de crises soudaines et/ou de conflits dans un pays avec une représentation française. Des documents sont susceptibles de contenir des informations "sensibles" ou secrètes et il est impératif qu'ils ne tombent pas aux mains de n'importe qui. Une illustration simple : les listes des traducteurs afghans auprès des forces militaires françaises mettraient en danger ces personnes ainsi que leurs familles. La logique est similaire pour les contacts économiques, diplomatiques ou bien les informations militaires stratégiques, les instructions reçues du ministère etc... . Si bien que certains dossiers (sous toutes les formes possibles) sont acheminés lors de la montée en tensions plus ou moins dans l'urgence au centre diplomatique de Nantes sans classement préalable effectué par les personnels de l'étranger. Ce fut malheureusement le cas ces dernières années pour les cartons envoyés depuis Bamako (Mali) ou depuis Aden (Yémen) etc...
Classer
Un premier classement est effectué dans les Ambassades/Consulats par les personnels, il s'agit de détruire les feuilles sans intérêt et de constituer les premiers dossiers. A Nantes, le travail de classement consiste en la mise en ordre intellectuelle et
physique des documents d’archives, en la cotation et le
rangement des documents dans des magasins de conservation. Et puis le
classement aboutit à la rédaction d’instruments de recherche, qui
fournissent une analyse résumée et détaillée du contenu des documents. Ce travail est
absolument essentiel, car il permet de rendre accessibles les documents conservés ; sans classement, il serait par la suite impossible de retrouver les informations contenues dans les documents parmi les kilomètres d'archives.
Conserver
Les archives diplomatiques sont des documents uniques et fragiles qui
exigent la mise en œuvre de techniques de conservation matérielle
spécifiques. Leur préservation constitue un enjeu fondamental. Les
magasins doivent offrir des conditions environnementales de conservation
optimales de température, d’hygrométrie et de lumière. Quant aux
documents, leur conditionnement dans des matériaux (chemises, boîtes…)
neutres est de rigueur (carton au Ph neutre...). Parallèlement à ce
travail, les documents abîmés, par les vicissitudes du temps et des
hommes, sont restaurés dans des ateliers de restauration spécialisés. Il faut savoir
qu'à Nantes, les archives les plus anciennes datent tout de même du
XVIème siècle !
Dans la mesure du possible et selon les moyens financiers du centre, le recours aux supports de substitution (microfilms, fichiers numériques) permet de ne plus communiquer les documents originaux, et ainsi de prévenir les détériorations qu’engendrent les multiples manipulations.
Communiquer
Bien que le centre nantais conserve des dossiers à ce jour classifiés, la finalité de la conservation des archives sur le long terme est leur communication " pour l'histoire ". Dans cette optique, le centre qui était auparavant interdit au grand-public ouvre de temps en temps ses portes ; la communication publique des documents
d’archives s’effectue exclusivement et sous certaines conditions strictes en salle de lecture, où les
documents demandés par les services d’État, les chercheurs et étudiants, les généalogistes
amateurs ou confirmés, simples curieux leur sont délivrés.
La nature des documents collectés est très riche comme vous allez le constater.
Pour aller plus loin :
ici : Présentation du centre des archives diplomatiques de Nantes, Ministère des affaires étrangères, 26/11/2016.
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