Francfort am Main (2) : la ville contemporaine rognant sur son passé.

     Lors de le dernière journée de mon séjour en Allemagne en juillet 2010, j'ai eu du temps entre deux trajets en train de découvrir le centre-ville de Francfort. Pour une provinciale venant d'une ville où les grattes-ciel n'existe pas, j'ai été gâtée. J'aurai pu consacrer un message pour chaque building tant les architectes s'en sont donnés à cœur joie et paradoxalement tant le centre d'affaire (CBD) est banal au yeux des CBD d'autres métropoles mondiales. Ce qui étonne également, c'est la proximité du centre historique et de ces immenses barres d'acier et de verre. Le contraste, l'évolution d'une société sautent aux yeux. Quelques impressions...

La Braubachstraße. Tous droits réservés - All rights reserved (art L.111-1 et L.123-1 du code de la propriété intellectuelle).
     Le contraste entre le Ratskeller (restaurant de l'hôtel de ville) et en arrière plan l'Eurotower. La tour construite par Richard Heil est le siège de la Banque centrale européenne depuis 1998 (et jusqu'en 2014). Cette brique rouge si caractéristique de la région est sombre et triste quand le ciel vient à se teinter de nuances grisées. Un groupe de japonais se trouvait sous l'arche, le métro arrivait à leur hauteur. Les lignes de ce dernier polluant l'image, elles m'ont demandé quelques heures de travail de retouches, j'en ai tout de même laissé quelques-unes pour ne pas dénaturer trop l'image.

Le centre historique de la ville :
     La première mention de la ville dans les sources remonte à l'époque carolingienne (vers 795). Le fondateur de l'empire carolingien lui-même y fait construire un palais. L'avenir de la ville est assurée. D'autant plus qu'à partir de 855, l'élection impériale se déroule à Francfort (après 1562, nomination et couronnement des empereurs sont font à Francfort). Enfin dernière origine de l'essor démographique et économique de la ville libre impériale : la foire du livre mentionnée dès 1150. A partir du XVIIe siècle un déclin progressif s'amorce avec la peste, les conflits européens jusqu'aux guerres napoléoniennes. A l'image de l'histoire de la ville dans la construction de l'Allemagne contemporaine (installation du Bundestag de la Confédération germanique, parlement de Francfort en 1848...), la morphologie de Francfort se modifie au cours du XIXe  avec la destruction des anciennes fortifications, le tracé de grandes voies de circulation, l'arrivée du train.... Dès 1933, Francfort - ou "Jerusalem am Main" pour les dignitaires nazis - est le théâtre de persécutions envers la population juive ; les victimes avoisineraient les 11 000 personnes. Enfin, suite aux bombardements meurtriers de la RAF en 1945, le centre ville historique n'est plus qu'un monde de destructions.
31 mars 1945 : vue aérienne de la rue Braubach avec le viseur au sud. On distingue les ruines de la vieille ville avec la cathédrale, la partie Ouest du quartier Fischerfeld et le quartier Sachsenhausen. Collection particulière Mylius.

     En 1949, un plan visant la reconstruction à l'identique du centre historique est entamé, toutefois, il se limitera à rebâtir uniquement les bâtiments symboliques de l'histoire de la ville. Les autres seront reconstruits dans un esprit "plus contemporain". Rapidement, Francfort devient la place économique de la RFA. De nombreux grattes-ciels symbolisent cette puissance économique. Le "Mainhattan" germanique se hisse aujourd'hui à la troisième place des villes d'affaires européennes, le PIB de la ville est d'ailleurs le plus important d'Allemagne avec 870 200 € par habitant et un des plus importants d'Europe.

Photographie prise de la Kaiserstraße. Tous droits réservés - All rights reserved (art L.111-1 et L.123-1 du code de la propriété intellectuelle).

     Ci dessus, on aperçoit d'abord la Silver Tower, qui est, depuis 2009, le siège de la Deutsche Bahn (train allemand), puis la Commerzbank Tower de Norman Foster culminant à 258 mètres, ce qui en fait le second plus haut gratte-ciel d'Europe. A l'image de 497 autres banques implantées à Francfort, il abrite la Commerzbank, deuxième groupe bancaire d'Allemagne. Enfin, l'Eurotower avec la BCE.

Encore la Commerzbank, Gallusanlage. Tous droits réservés - All rights reserved (art L.111-1 et L.123-1 du code de la propriété intellectuelle).

     En comparaison d'une capitale européenne que je connais mieux : Bruxelles, le CBD de Francfort est autrement plus impressionnant en surface, en hauteur et en diversité de structures. Ici, les amateurs d'architecture et de grandes structures trouveront leur bonheur à chaque croisement. Par contre et comme souvent, les noms manquent singulièrement d’originalité ou d'identité (Tower185, Skyper, Eurotower, Japan Center...n'ont rien pour faire rêver). Formes, courbes, couleurs, matériaux sont autant de styles à décrypter. Jouer avec les reflets des bâtiments à l'autre m'a beaucoup occupé et amusé. Je n'ai cependant pas obtenu visuellement le résultat escompté (beaucoup de brume), il me faudra donc revenir en ces lieux !

"La Commerzbank Tower dans la Skyper". A l'angle de la Neckarstraße et de la Gallusanlage. Tous droits réservés - All rights reserved (art L.111-1 et L.123-1 du code de la propriété intellectuelle).
     Ainsi, flâner dans le centre des affaires de Francfort donne non seulement un peu le tournis, les grattes-ciel poussant comme les radis mais également mal au cou, toute proportion gardée bien naturellement. Une petite dernière....

A l'angle de la Kaiserstrasse et de la Neue Mainzer Strasse, le Japan Center se reflète dans les parois vitrées d'un immeuble de bureaux et en arrière plan la Main Tower inaugurée en 1999. Tous droits réservés - All rights reserved (art L.111-1 et L.123-1 du code de la propriété intellectuelle).

     Et, à quelques pas de ce quartier aux hauteurs aériennes, aux matériaux contemporains et aux formes variées, se trouve le petit quartier historique de la ville. La pierre est rouge et les colombages médiévaux bien présent, bien que souvent peu sont d'origines. Ci dessous, la photographie a été prise assise sur un banc avec dans le dos une statue Karl der Große ou Charlemagne et devant moi cette bâtisse servant de bar ainsi qu'un local pour l'evangelische indonesische kristusgemeinde Rhein-Main. Les deux associés demeure rigolo. La Saalgasse, petit passage piétonnier, constituait une partie de la procession lors du couronnement des empereurs du Saint empire romain germanique.

La Saalgasse. Tous droits réservés - All rights reserved (art L.111-1 et L.123-1 du code de la propriété intellectuelle).


La Justice. Tous droits réservés - All rights reserved (art L.111-1 et L.123-1 du code de la propriété intellectuelle).



    Pour se repérer dans ce centre historique, des panneaux signalétiques sont très bien conçus et utiles. Me voilà donc arriver sur la place que je désirais : le Römerberg littéralement le "mont des Romains". Comme son nom l'indique, cette place se situe à l'emplacement de la ville romaine du Ie siècle de notre ère. La place fourmille véritablement de détails à photographier. Si j'avais un regret, c'est de n'avoir pas assez pris de vues, sans compter le ciel qui n'était pas de la partie mais qu'importe. Au centre, deux éléments, tout d'abord, une statue de la justice que l'on doit à Philipp Uffenbach, un peintre, graveur, cartographe francfortois dans la lignée d'Albrecht Dürer.





Tous droits réservés - All rights reserved (art L.111-1 et L.123-1 du code de la propriété intellectuelle).





     Ensuite, une plaque de bronze du sculpteur Willi Schmidt, rappelant que le 10 mai 1933, "des étudiants nazis" ont brûlé des livres d'écrivains, de scientifiques, de poètes, de philosophes. Une phrase tristement prémonitoire d'Heinrich Heine y est également inscrite : "C'était seulement un prologue, là où on brûle des livres, à la fin on brûle aussi les hommes." (1820).












     Sur cette place, de grandes fêtes populaires ont eu lieu (op. cit lors du couronnement impérial) et elle est encore une place de rassemblement annuel (marché de Noël, fête de victoire sportive nationale...). Sur le côté ouest de la place, se trouve l'hôtel de ville (le "Römer"). Bien que d'un point de vue historique, il y aurait tant et tant à écrire, je le passe volontairement sous silence, mes photographies n'étant pas d'une grande qualité. De nombreuses illustrations historiques ou des photographies actuelles existent sur l'Internet (comme ci-contre, en 1840, le Römer à droite et la Nicholaikirche).






  A l’opposé, côté est de la place, des maisons à colombages sont le fruit de reconstructions entreprises en 1981. Elles abritent avant tout des magasins de souvenirs ou des bars-restaurants.

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     Du peu que j'ai eu le loisir de voir, et appréciant l'architecture comme art urbain, Francfort m'est apparue comme une ville assez intéressante. Toutefois, les personnes recherchant des sites urbains anciens resteront relativement sur leur fin. La finalité pour une prochaine visite sera d'aller approfondir des lieux comme naturellement le cimetière juif qui est remarquable, la cathédrale Saint Barthélemy, la maison de l'enfant de la ville J.W. von.Goethe et enfin prendre plus de temps et de clichés du haut des grattes-ciel.

Dernières photographies de Francfort sur le Main à suivre : (3) Regards sur la ville à partir des bords du Main.


E.M

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