1862 : création de l'Ecole des pupilles de la Marine à Brest


        Dès sa création par décret impérial de Napoléon III, signé du ministre de la Marine Prosper Chasseloup-Laubat, l’École des Pupilles de la marine s’installe dans le corps principal et l’aile Nord de l’ancien séminaire des jésuites qui deviendra plus tard la caserne Guépin. Y étaient alors admis les fils de quartiers maîtres ou de matelots de la Flotte orphelins de père et de mère, dès l’âge de 7 ans, à 7 ans s’ils ont perdu un de leur parent, ainsi que les fils des ouvriers des arsenaux orphelins de père et de mère. Cette initiative est accueillie partout avec la plus grande faveur, le poète brestois Pierre Derrien adressant un poème de gratitude au Préfet maritime de Brest aussitôt transmis au ministre de la marine. On y lit entre autres :
     " Béni soit l’Empereur dont la sollicitude S’étend avec amour, avec mansuétude sur les enfants chéris des braves matelots qui, poussés par la Gloire et l’Honneur de la France s’en vont sur l’Océan jouer leur existence contre les aquilons et la fureur des flots ! "


      Les premières mises de fond sont assurées par des dons particuliers et par la Caisse des Invalides ; en 1868 la marine décide d’inscrire au budget les crédits nécessaires à son fonctionnement. En effet, en 1865, l'école accueille déjà 250 garçons placés sous la direction des Frères des Écoles Chrétiennes. Ces enseignants sont remplacés par des officiers mariniers et des instituteurs de la flotte retraités. Le séjour à l’École s’étale jusqu’à la treizième année. La formation se poursuit alors à l’École des Mousses, ou dans la vie civile pour ceux qui rejoignent leur famille.

        En 1882 l’école est transférée à " La Villeneuve ", à 4 kilomètres de Brest, dans les bâtiments de l’ancienne fonderie de la marine qui dispose d’un étang artificiel. Un premier dortoir est mis à la disposition des élèves, tandis que dans la cour une maquette de navire grandeur nature permet d’enseigner aux pupilles les rudiments de la vie maritime.


        En 1884, le ministre donne aux pupilles une orientation humanitaire. Il n’est plus question de les diriger obligatoirement vers la marine. On s’efforce de leur donner une éducation leur permettant d’assurer leur éventuel avenir dans la vie civile. Les métiers du bois et du fer sont inculqués par des instructeurs techniques retraités de la marine et des arsenaux. " Des milliers d’orphelins y reçoivent une éducation conduite paternellement avec pourtant une certaine rudesse qui n’exclut pas la bienveillance, voire l’affection, mais qui est nécessaire à ceux qui devront affronter le plus rigoureux de tous les métiers. " (journal l’Illustration mars 1913). Dans l’histoire de l’école, on ne relèvera pas incident aussi grave que celui de la mutinerie de 1907. Les pupilles étaient plutôt fiers de leur institution et de leur uniforme, celui de matelot, différent seulement par les couleurs bleu et rouge du pompon et la pèlerine portée à la place du caban. Très fiers de leurs exploits dans le domaine du sport, fiers aussi de leur musique composée surtout de fifres et de tambours précédée d’une canne major voltigeuse, depuis toujours, portée par un élève talentueux en jonglerie. Ainsi en 1948, à l’occasion de la prise d’armes du 14 juillet, le public avait tellement ovationné le " canne major " que le Préfet maritime se crut obligé de l’inviter à déjeuner à l’Amirauté.


        En 1923 le rôle humanitaire disparaît, l’École devient complètement militaire. On institue une admission provisoire pour les candidats dépourvus du certificat d’études. Après 3 mois, ils peuvent poursuivre l’enseignement à l’issue d’un examen. Les troupes d'occupation allemande autorisent le déplacement de l’école à Toulon, elle s’installe à Saint-Mandrier et fonctionne dans des conditions acceptables à bord du cuirassé L’Océan. En 1942, les forces allemandes envahissent la zone libre et investissent le port de Toulon, la flotte militaire française se saborde ; les jeunes pupilles sont transférés en catastrophe à Cahors, " chez l’habitant ". Après la victoire des Alliés, l’école va retrouver la Bretagne, mais à Plougonvelin (Berthaume), où depuis le mois d’octobre 1944 des travaux sont engagés par la marine pour la recevoir.


        Les élèves admis à Bertheaume ne sont plus les gamins des origines, ce sont des adolescents titulaires du certificat d’études primaires, âgés de 14 à 15 ans, priorité étant toujours donnée aux " Pupilles de la Nation ". Ils sont habillés en " marine " avec le bonnet à pompon rouge. Leur régime est celui de l’internat, vacances à Noël, Pâques et mois d’août. lls ne sortent de leur casernement que le dimanche après-midi, été comme hiver, par groupes d’une trentaine avec leurs gradés. Le sort de L’école est remis en question et par circulaire ministérielle du 28 juillet 1958. Fin 1958, l’École des Pupilles cesse définitivement son activité après 96 années d’existence.


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